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L'ONU et CUBA
26 novembre 2008

ONU : INTERVENTION DE M. MACHADO VENTURA SUR LES BESOINS DE DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE

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M. MACHADO VENTURA, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME:

« LES BESOINS DE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE :
ÉTAT DE LA MISE EN ŒUVRE  DES DIFFÉRENTS ENGAGEMENTS, DÉFIS ET PERSPECTIVES »

Monsieur le Président

Trêve de rhétorique. On ne réglera pas la situation de l’Afrique à coups de condoléances, de jérémiades et d’aide caritative timide, tout en dépensant des fortunes en luxes et extravagances dans le Nord. Il faut de nouvelles relations de solidarité et de pleine coopération avec nos frères africains.

Notre exercice sera stérile tant que nous ne répondrons à l’impératif  suivant : la mise en place d’un nouveau système de rapports Nord-Sud à même d’éliminer l’ordre économique, commercial et financier, injuste et  insoutenable, en place dans le monde qui met sur la touche et sacrifie 80 p. 100 de la population mondiale pour satisfaire les gaspillages et les dépenses somptuaires d’une petite minorité. Dans un tel état de choses, aggravé par le néolibéralisme imposé de force, l’on prétend toutefois sataniser le droit des peuples à la solidarité internationale et l’on refuse d’accorder aux pays en développement, en particulier les pays africains, le traitement spécial et différencié qu’ils réclament et méritent.

Plusieurs des hommes d’Etat qui sont venus ici exprimer leur prétendue inquiétude pour l’Afrique sont justement – quelle contradiction ! – ceux qui imposent des conditions et des mécanismes léonins d’ajustement structurel à travers les organismes financiers internationaux qu’ils contrôlent, ces politiques portant atteinte au développement et à la consolidation des services sociaux de base. Tout en exigeant le paiement de la dette extérieure et de son service, ils violent leurs engagements d’Aide publique au développement. Or, l’Afrique dépense aujourd’hui cinq fois dans le service de sa dette qu’en éducation et santé ensemble. Les initiatives d’allègement dont on nous fait tant l’article sont bonnes pour épater la galerie, mais ne servent à rien pour soulager les pénuries des peuples africains.

Les normes et les conditions égoïstes que les grandes économies du Nord imposent au commerce étouffent les économies moins développées. Le juteux négoce réservé en exclusivité aux multimillionnaires consistant à imposer depuis le Nord un régime international injuste de brevets et de contrôle des technologies bloque le développement économique et les politiques sociales aussi bien en Afrique que dans l’immense majorité des pays du Sud.

Tout en fermant leurs portes à des millions de personnes du Sud qui tentent d’émigrer en quête de meilleures conditions de vie et en votant des « directives retour » qui violent les droits les plus élémentaires des émigrés sans papiers, les USA et l’Europe volent une bonne part de nos spécialistes les plus capables.

Monsieur le Président

Si l’on veut vraiment épauler les efforts des peuples et des gouvernements africains, il faut dès lors réclamer ce qui suit :

-    L’annulation de leur dette extérieure, d’autant qu’ils l’ont déjà épongée plus d’une fois.

-    Le respect par les pays du Nord des engagements qu’ils ont pris en matière d’Aide publique au développement, cette aide devant parvenir à tous les pays africains et être employée sans conditions dans les secteurs et domaines que les gouvernements jugent prioritaires.

-    La mobilisation de ressources nouvelles et supplémentaires qui permettent d’accélérer la mise en oeuvre de projets de développement agricole, en prêtant surtout attention aux besoins alimentaires et en adoptant des mesures qui dépassent les maigres résultats de la récente Conférence de la FAO sur la sécurité alimentaire.

-    Le soutien financier, technique et humain à deux Objectifs du Millénaire : élimination de l’analphabétisme et éducation pour tous.

-    Un effort mondial permettant de contribuer au développement de systèmes efficaces de soins de santé primaires sur tout le continent et de garantir les livraisons des médicaments nécessaires au traitement de maladies comme le sida, la tuberculose, la malaria et d’autres pandémies et épidémies tropicales, ainsi que la formation de médecins et de techniciens destinés à ces pays et le personnel de santé requis pour faire face à la situation sanitaire difficile que connaît ce continent.

Monsieur le Président

Cuba a noué des liens profonds avec l’Afrique. La coopération avec ce continent fait partie intégrante de la politique extérieure de la Révolution. Elle a soutenu fermement et d’une manière désintéressée les peuples africains dans leur lutte contre le colonialisme et l’apartheid.

Notre pays a ouvert ses universités et ses I.U.T. aux étudiants africains, dont plus de 32 000 se sont formés ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, 2  253 Africains de 45 pays font des études à Cuba.

Rien qu’en 2007, les 1 982 médecins et techniciens de la santé cubains qui travaillent dans trente-cinq pays africains ont offert presque 7 millions de consultations, procédé à environ 100 0o0 acc0uchements et réalisé presque 200 000 interventions chirurgicales.

Si Cuba peut mener ces actions, que ne pourrait pas faire les pays du Nord qui disposent de bien plus de ressources qu’il n’en faut ? En fait, ce ne sont pas les ressources qui font défaut, mais la volonté politique.

Les peuples africains n’ont pas besoin de nouvelles promesses ni de recettes paternalistes. Ce qu’ils exigent, tout comme les autres habitants de la planète, c’est qu’on respecte leur droit à un ordre international juste et équitable dont les principes clefs seraient la solidarité et la coopération au profit du bien-être de chaque peuple et de chaque personne.

Je vous remercie.

M.MACHADO VENTURA
Premier vice-président du Conseil d'État
De la République de Cuba


New York, le 22 septembre 2008

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