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L'ONU et CUBA

25 octobre 2009

RAPPORT DE CUBA SUR LA RÉSOLUTION 63/7 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES (IV)

1. OPPOSITION À LA POLITIQUE DE BLOCUS GÉNOCIDAIRE

La communauté internationale a prêté une attention accrue ces derniers mois aux relations bilatérales entre les USA et Cuba, ce qui indique que la demande de levée du blocus et de cessation de la politique hostile contre un petit pays est plus forte et solide que jamais.

Le 29 octobre dernier, pour la dix-septième fois consécutive, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté à une majorité écrasante et plus élevée que jamais la résolution 63/7 intitulée : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique ».

Ainsi donc, 185 États membres de l’Assemblée générale ont de nouveau appelé catégoriquement l’administration étasunienne à mettre fin à cette politique illégale et génocidaire contre le peuple cubain, cet appui de la communauté internationale étant dans le droit fil de son refus de l’application de mesures économiques, commerciales et financières unilatérales à effets extraterritoriaux et contraire au doit international et aux principes de la Charte des Nations Unies.

De nombreuses voix s’élèvent dans le monde contre cette politique inhumaine. En voici quelques exemples pour la période analysée :

Le 16 mai 2008, le Cinquième Sommet Amérique latine et Caraïbes/Union européenne, tenu à Lima (Pérou), a adopté une déclaration dont l’un des paragraphes signale : « Nous repoussons fermement toutes les mesures de nature unilatérale et à effet extraterritorial qui seraient contraires au droit internationale et aux normes de libre-échange généralement acceptées. Nous sommes d’accord que ces pratiques représentent une grave menace au multilatéralisme. Aussi, et en référence à la résolution A/RES/62/3 de l’Assemblée générale des Nations Unies, réaffirmons-nous nos positions bien connues sur l’application des dispositions extraterritoriales de la loi Helms-Burton. »

Le 3 octobre 2008, les chefs d’État ou de gouvernement du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), réunis à la Sixième Conférence au sommet (Ghana), ont adopté la Déclaration d’Accra dans laquelle ils « condamnent le recours à des mesures coercitives unilatérales, telles que les sanctions illégales adoptées contre certains pays en développement dans le but de les empêcher d’exercer leur droit de décider de leur système politique, économique et social, et ils repoussent l’application de lois et de mesures unilatérales et extraterritoriales contraires au droit international, telle la loi Helms-Burton. »

Le 8 décembre 2008, les chefs d’État ou de gouvernement de Cuba et des pays constituant la Communauté des Caraïbes (CARICOM), réunis à leur Troisième Sommet, ont adopté une déclaration dans laquelle ils exhortent à « la levée du blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba », et pressent instamment « l’administration étasunienne à écouter l’appel de l’immense majorité des membres des Nations Unies et à lever sans retard le blocus économique, commercial et financier injuste qu’elle impose à la République de Cuba et à cesser d’appliquer les mesures adoptées le 6 mai 2004. »

Le 17 décembre 2008, les chefs d’État ou de gouvernement d’Amérique latine et des Caraïbes, réunis à leur Premier sommet sur l’intégration et le développement, ont adopté une Déclaration spéciale sur la nécessité de lever le blocus économique contre Cuba, repoussant « de la manière la plus énergique l’application de lois et de mesures contraires au droit international, telle la loi Helms-Burton… ont exhorté le gouvernement des États-Unis d’Amérique à mettre fin à leur application… et à respecter les disposition des dix-sept résolutions successives adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies et à lever leur blocus économique, commercial et financier contre Cuba. »

 Les pays de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique (ALBA) ont repoussé à maintes reprises et catégoriquement le blocus imposé à Cuba par les USA. À leur Sommet de Cumaná  (Venezuela), le 17 avril 2009, les chefs d’Etat ou de gouvernement ont réitéré leur condamnation du blocus économique, commercial et financier des USA contre Cuba et repris à leur compte « la déclaration que tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont adoptée le 16 décembre 2008 sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique, dont l’application de la loi dite Helms-Burton. »

 Les ministres des Affaires étrangères du Mouvement des pays non alignés, à l’occasion de la Réunion du Bureau de coordination du Mouvement tenue à La Havane du 27 au 30 avril 2009, « ont une fois de plus réitéré leur appel au gouvernement des États-Unis d’Amérique pour qu’il mette fin au blocus économique, commercial et financier contre Cuba qui, outre le fait qu’il est unilatéral et contraire à la Charte des Nations Unies et au droit international et au principe de bon voisinage, cause de lourdes pertes matérielles et de graves dommages économiques au peuple cubain. Ils ont une fois encore demandé instamment le strict respect des résolutions 47/19, 48/16, 49/9, 50/10, 51/17, 52/10, 53/4, 54/21, 55/20, 56/9, 57/11, 58/7, 59/11, 60/12, 61/11, 62/3 et 63/7 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ils ont exprimé leur profonde préoccupation devant l’amplification du caractère extraterritorial du blocus contre Cuba et rejeté le renforcement des mesures adoptées par le gouvernement des États-Unis qui visent à resserrer ce blocus, ainsi que toutes les autres mesures appliquées récemment par le gouvernement des États-Unis contre le peuple cubain. »

 À leur Sixième Sommet extraordinaire, les chefs d’État ou de gouvernement de l’Alliance bolivarienne des peuples de Notre Amérique/Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP), tenu à Maracay (Venezuela) le 24 juin 2009, « ont ratifié leur condamnation absolue du blocus économique, commercial et financier des Etats-Unis contre Cuba et ont réitéré leur demande qu’il soit levé sans retard et inconditionnellement. »

L’opposition au blocus grandit aussi significativement aux USA mêmes.

Le 8 mai 2008, la Commission de tourisme et des voyages de la Chambre des représentants a adopté une résolution dans laquelle elle demandait au président Bush, à la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et au Congrès de lever les restrictions aux voyages à Cuba, en particulier depuis l’Alabama.

Le 27 mai 2008, The Washington Post a publié un article intitulé « La folie du blocus contre Cuba », dans laquelle Eugene Robinson qualifiait cette politique d’ « incroyablement stupide… infantile, irresponsable et contre-productive ».

Du 23 au 25 septembre 2008, la société Zogby Internacional et Diálogo Interamericano ont fait un sondage auprès de 2 700 électeurs étasuniens probables sur différents points concernant l’Amérique latine.  Au sujet de Cuba, ce sondage a montré qu’environ 60 p. 100 des personnes étaient d’avis que les Usa devaient réviser leur politique et permettre le commerce avec ce pays, et 68 p. 100 étaient d’accord pour que tous les Étasuniens puissent voyager dans l’île.

Le 17 octobre 2008, la revue Science prônait dans un éditorial signé par le secrétaire des Relations internationales de l’Académie des sciences de Cuba et son homologue étasunien la levée des restrictions aux échanges universitaires et savants.

Le 24 octobre 2008, Alberto Rodríguez, représentant de la société médico-pharmaceutique canadienne Cari Med Canadá Trading Inc., qui participait au Huitième Congrès centraméricain et caribéen d’anesthésiologie, de réanimation et de douleur, tenu à La Havane, a dit : « Les autorisations qu’émettent les départements étasuniens du Trésor et du Commerce pour pouvoir vendre des produits à Cuba sont extrêmement restreintes et tombent dans des détails très poussés. » Selon lui, on leur demande des informations tout à fait absurdes. Il a aussi qualifié cet acte de « criminel, génocidaire et barbare » car il empêche Cuba d’avoir accès à des équipements médicaux et à des articles nécessaires pour sauver des vies humaines.

En novembre 2008, le Groupe d’étude sur Cuba (GEC) et la Brookings Institution ont financé un sondage réalisé par l’Université internationale de la Floride durant trois semaines ayant suivi les élections présidentiels en vue de mesurer l’opinion des Cubano-Américains sur la politique étasunienne envers Cuba.

Selon cette enquête, 65 p. 100 était d’accord pour qu’on en revienne, en matière d’envois de fonds familiaux, aux conditions existant avant 2003 ; 66 p. 100 appuyait le rétablissement des voyages, et 67 p. 100 souhaitait la suppression des restrictions imposées aux Étatsuniens. 79 p. 100 jugeait que le blocus n’avait pas fonctionné et 55 p. 100 demandait qu’il soit levé. 65 p. 100 était en faveur du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et 79 p. 100 estimait que les gouvernements devaient nouer un dialogue direct sur des points d’intérêt mutuel.

Le 4 décembre 2008, un groupe d’organisations et d’associations en rapport avec le commerce, les voyages et l’agriculture a adressé au président-élu Barack Obama une lettre intitulée : « Réexaminer la politique des USA envers Cuba » dans laquelle il lui demandait d’aller au-delà des promesses électorales et de la réviser plus largement ; la lettre était signée de représentants autorisés de douze organisations, dont la Fédération agricole des USA, l’American Society of Travel Agents (ASTA), la Chambre de commerce des USA, le Conseil national du commerce extérieur et USA Engage. Ce même jour, l’ASTA demandait au président-élu de lever toutes les restrictions aux voyages à Cuba.

Le 23 février 2009, le bureau du sénateur Richard Lugar, républicain de l’Indiana, divulguait un document intitulé : « Changer la politique envers Cuba dans l’intérêt national des États-Unis » et le distribuait au Sénat et notamment aux membres de sa commission des relations extérieures.

Après avoir reconnu l’échec de la politique étasunienne envers Cuba, le rapport donne une série de recommandations, parmi lesquels il faut signaler : remplacer la pose de conditions dans l’approche étasunienne par un rapprochement ou un engagement progressif ; lever les restrictions aux voyages et aux envois de fonds de la part de Cubano-Américains ; réviser les lois Torricelli et Helms-Burton, ainsi que les rapports de la Commission présidentielle pour une aide à Cuba libre ; renouer les conversations bilatérales, établir des stratégies de coopération en matière de migration et de lutte contre les drogues, et assouplir les mesures appliquées dans le domaine économique.

Le 23 février 2009, quatorze législateurs adressaient une lettre à Obama pour soutenir « le libre-échange entre Cuba et les USA », au motif des avantages économiques qu’il apporterait aux deux pays.

Comme on peut le constater, un éventail toujours plus ample de l’opinion publique étasunienne perçoit la nécessité d’opérer un changement fondamental dans la politique de la Maison-Blanche par rapport à Cuba, où la levée du blocus économique, commercial et financier constituerait un facteur clef.

CONCLUSIONS

La conduite de l’administration étasunienne d’octobre 2008 – date de l’adoption de la résolution 63/7 – à mai 2009 confirme qu’elle n’a fait aucun pas significatif en vue de lever le blocus économique, commercial et financier qu’elle impose à Cuba. Au contraire, elle continue de ne faire aucun cas de la volonté de l’Assemblée générale, puisque de nombreuses actions de sa part ne font que renforcer cette politique de blocus.

Les préjudices économiques directs causés au peuple cubain par le blocus économique, commercial e financier jusqu’en décembre 2008 ont été calculés au plus bas à plus de 96 milliards de dollars, soit 236 221 000 000 de dollars aux cours actuels du dollar. Ce chiffre exclut les dommages directs causés à des cibles économiques et sociales par les sabotages et les actes terroristes encouragés, organisés et financés depuis les USA.

Le blocus économique, commercial et financier reste le principal obstacle au développement économique et social de Cuba, et à son relèvement après les trois cyclones qui l’ont dévastée en 2008.

Le blocus viole le droit international ; il est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Il constitue une transgression du droit à la paix, au développement et à la sécurité d’un État souverain. Il est, par son essence et ses objectifs, un acte d’agression unilatérale  et une menace permanente à la stabilité d’un pays. Il constitue une violation flagrante, massive et systématique des droits de tout un peuple. Il viole aussi les droits constitutionnels du peuple étasunien en restreignant sa liberté de voyager à Cuba. Il viole en plus les droits souverains de nombreux autres États par sa nature extraterritoriale.

Bien que la communauté internationale ne cesse de réclamer toujours plus un changement de politique envers Cuba, la levée du blocus et la normalisation des relations bilatérales, la nouvelle administration étasunienne d’Obama n’a absolument rien changé à la politique de blocus.

Le blocus n’est pas seulement illégal : il est moralement insoutenable. Il n’existe aucun autre système de sanctions unilatérales similaire maintenu depuis si longtemps contre aucun autre pays du monde. Les États-Unis doivent donc le lever sans plus de retards ni de prétextes.

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25 octobre 2009

RAPPORT DE CUBA SUR LA RÉSOLUTION 63/7 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES (III)

3.1 PRÉJUDICES AU SECTEUR EXTÉRIEUR DE L’ÉCONOMIE.

Le blocus étasunien continue de priver Cuba d’importantes recettes d’exportations de biens et services, entrave son accès aux sources de financement extérieures et renchérit les prix d’achat du fait de sa  nécessité de resituer géographiquement son commerce.

Durant la période analysée, les préjudices causés au secteur extérieur se chiffrent à 242,4 millions de dollars.

Les entreprises de ce secteur ont surtout été affectées par le renchérissement du financement extérieur, par les implications qu’entraîne le risque/pays élevé par lequel sont qualifiées les opérations cubaines. Le fait que les principaux organes de qualification de risque à l’échelle mondiale sont dominés en tout ou partie par le capital étasunien constitue un facteur déterminant en la matière.

Cuba n’obtient des financements qu’à des taux d’intérêt supérieurs à ceux du marché international. De même, le fait que les entreprises de ce secteur ne peuvent utiliser le dollar dans leurs transactions les contraint d’acheter des monnaies de remboursement avec tous les risques de change que cela implique. Les préjudices causés par ces facteurs se sont chiffrés à 164,1 millions de dollars.

On trouvera ci-après quelques exemples de préjudices dans ce secteur :

 Les sociétés cubaines exportatrices de sucre, de café et de miel, faute d’accès au marché étasunien, doivent vendre sur des marchés moins avantageux, soit des préjudices se montant à 49,4 millions de dollars.

 La société cubaine MAPRINTER doit importer chaque année une bonne quantité de résines plastiques dont le principal fournisseur sont les États-Unis. Faute d’y avoir accès, elle doit chercher des marchés de rechange, ce qui lui a couté en 2008 environ 1,9 million de dollars de plus que prévu.

L’extraterritorialité du blocus provoque aussi des préjudices à ce secteur :

 En août 2008, une société européenne, qui livrait traditionnellement des compresseurs d’air à la société cubaine MAQUIMPORT, lui a fait savoir que sa maison mère avait été rachetée par la société étasunienne Gardner Denver Inc., laquelle avait décidé de fermer sa filiale à Cuba et de cesser ses opérations avec notre pays. Bien que la société cubaine ait pu exécuter les contrats en souffrance avant cette fermeture, elle a dû en 2009, afin de garantir les livraisons de pièces détachées à près de trois cents équipements installés dans des usines, des centres de santé et des laboratoires du Pôle scientifique, se fournir auprès d’intermédiaires en payant de 20 à 30 p. 100 de plus.

 En novembre 2008, une société suédoise a fait savoir à MAQUIMPORT qu’elle ne pourrait honorer un contrat de livraison d’un équipement destiné à l’industrie sucrière cubaine, parce que l’un de ses composants est d’origine étasunienne. Le contrat a été annulé, ce qui a causé des préjudices à la production sucrière.

Les actions entreprises en vertu du blocus contre le système bancaire et financier cubain se sont durcies. Durant cette période, notre pays a vu se réduire ses possibilités d’utiliser des banques correspondantes, ce qui a rendu ses transactions plus complexes et a limité le fonctionnement normal de ses institutions bancaires et financières. À quoi s’ajoutent les limitations provoquées par l’impossibilité d’utiliser le dollar des États-Unis comme monnaie de paiement.

L’une des manifestations du blocus dans le domaine bancaire est l’annulation des clefs BKE permettant d’identifier les messages  SWIFT avec Cuba : durant cette période, une banque européenne, une banque canadienne et deux banques installés en Amérique latine ont appliqué cette mesure contre Cuba.

La section 211 de l’Omnibus Consolidated and Emergency Supplemental Appropriations Act, 1999, et les nouvelles agressions dans le domaine des marques commerciales

L’administration étasunienne a poursuivi ses actions pour finaliser le vol de la marque cubaine de renommée internationale Havana Club. La section 211 de l’Omnibus Consolidated and Emergency Supplemental Appropriations Act, 1999, interdit aux titulaires cubains ou à ses successeurs (dont les sociétés étrangères à Cuba) de faire reconnaître aux USA leurs droits sur des marques ou de noms commerciaux enregistrés et protégés à Cuba.

Cette loi n’a pas que des retombées bilatérales ; elle porte atteinte à des accords multilatéraux auxquels les deux États sont partie. Aussi, dès 2002, l’Organe d’appel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a reconnu qu’elle violait les obligations du traitement national et de la clause de la Nation la plus favorisée de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), et à presser les USA d’ajuster cette législation aux dites obligations dans les meilleurs délais.

L’administration étasunienne n’a fait aucun cas de cette décision de l’OMC et de ses nombreux appels dans ce sens, ce qui confirme son manque de volonté politique pour régler ce différend et respecter les normes du commerce international. On a pu vérifier cette attitude des USA vis-à-vis du droit international le 30 mars dernier, quand le juge fédéral de la cour de Washington, Royce C. Lambert, a repoussé une requête déposée par la société cubaine CUBAEXPORT (titulaire légitime de la marque Havana Club) contre l’Office of Foreign Assets Control, rattaché au département du Trésor, qui lui avait refusé cette autorisation en 2006 au nom de la Section 211.

À cet égard, la porte-parole de la société Bacardí USA, Patricia Neal, a déclaré à l’agence EFE que sa compagnie se félicitait de la décision du tribunal, soulignant que ce verdict confirmait la décision selon laquelle « le gouvernement cubain n’a pas de droit sur la marque Havana Club aux USA ».

On pourrait se demander : que se passerait-il si un pays commençait à annuler arbitrairement les enregistrements de marques étasuniennes et si une société les utilisait délibérément sur ce marché ?

La communauté internationale ne saurait permettre aux USA d’ignorer impunément le droit commercial et celui concernant la propriété intellectuelle, ainsi que les décisions de l’organe d’appel de l’OMC.

Agissant ainsi, les USA ont posé un précédent aux conséquences imprévisibles en matière de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.

3.2 PRÉJUDICES CAUSÉS PAR LE BLOCUS À D’AUTRES SECTEURS DE L’ÉCONOMIE CUBAINE

Secteur de la construction. D’avril 2008 à mars 2009, ce secteur a subi de pertes de l’ordre de 47,2 millions de dollars, ce qui a eu des retombées négatives sur les plans prévus et sur le relèvement du pays frappé par trois cyclones en 2008.

 Cuba a dû faire face à une situation complexe en matière de construction et de réparation de plus de 600 000 logements touchés par les cyclones, dont 90 958 totalement détruits. Or, le blocus empêche l’exécution des plans de construction, de conservation et de réparations de ces logements, car il fait obstacle aux importations de matériaux, de produits, d’outillages et d’engins de construction, ainsi que de matières premières destinées à la fabrication de matériaux. Les pertes infligées aux programmes de construction de logements ont été calculées à 7,3 million de dollars.

 De mars 2008 a abril 2009 la société de commercialisation IMECO, importatrice de matériaux et de production de construction destinés aux logements, a subi des pertes de 2,3 millions de dollars à cause de la différence de prix sur des marchés lointains et du coût du risque/pays.

 La société MATCO, importatrice de matériaux de construction, doit à cause du blocus faire plus de 80 p. 100 de son commerce en Europe et en Asie, ce qui provoque des retards dans ses opérations et des préjudices à toutes les activités économiques internes dépendant de ces livraisons. Les délais requis entre le début des démarches d’importations et l’arrivée des produits à Cuba s’étendent considérablement : en moyenne, onze mois, au lieu de cinq mois si la société pouvait se fournir aux USA.

 La société de commercialisation IMECO, dans l’impossibilité d’importer des composants électriques des marques étasuniennes Westinghouse et Cuttler Hammer, a dû réaliser cette opération à travers un intermédiaire, CONYAL S.A, ce qui a renchéri les coûts d’achat.

 Les sociétés cubaines susmentionnées, qui ont présenté des demandes d’offres à des compagnies étasuniennes comme Ring Power Corporation et Spears Co., y compris à leurs filiales, pour acheter des tuyauteries, des accessoires intérieurs et extérieurs en PVC, des wagons pour la construction, n’ont jamais reçu de réponses par crainte de sanctions découlant de la politique du blocus.

On trouvera ci-après un exemple de l’extraterriorialité du blocus dans le secteur de la construction :

 La société Siemens (Division Ciment) – installée au Danemark – a refusé, au motif du blocus, de vendre un équipement pour la nouvelle cimenterie de Santiago de Cuba, si bien qu’il a fallu choisir un fournisseur moins fiable et introduire un matériel non standardisé par rapport à toutes les autres cimenteries du pays, sans parler des coûts financiers plus élevés pour stockage.

L’industrie sucrière cubaine a souffert des pertes de 127,5 millions de dollars durant la période recensée. Rien qu’au titre du repositionnement des marchés d’importations d’engins agricoles, le pays a dû verser 76 millions de dollars de plus.

 En 2008, la production sucrière a perdu à cause du blocus 162 799 tonnes, soit 44,7 millions de dollars aux cours actuels du marché, parce que la politique étasunienne a empêché d’acheter des roulements spéciaux, des emballeuses, des métaux, des pièces détachées pour l’industrie, des lubrifiants et des huiles pour la réparation des équipements destinés à la production. À quoi il faut ajouter les obstacles à l’achat de camions, de remorques, de pneus, d’engins, de pièces et d’accessoires de locomotives, tous produits indispensables à l’industrie sucrière.

La Société d’aéronautique civile de Cuba n’a pas échappé aux méfaits du blocus. En voici quelques exemples :

 L’aviation civile cubaine continue de se heurter à de graves obstacles pour encaisser le montant des services qu’elle prête aux lignes aériennes étasuniennes qui opèrent depuis et vers les USA pour utilisation de l’espace aérien cubain. Ainsi, la ligne aérienne étasunienne Spirit Airlines s’est vu infliger une amende de cent mille dollars pour avoir payé à Cuba les services qu’implique l’utilisation de son espace aérien.

 La compagnie aérienne Cubana de Aviación S.A. n’ayant pas l’autorisation de survoler les USA, le détour que ceci implique dans le cadre de ses huit cents vols depuis le Canada jusqu’au centre et à l’Est de Cuba a entraîné des pertes d’au moins 2,4 millions de dollars.

 De même, les Étasuniens n’ayant toujours pas le droit de se rendre à Cuba, le manque à gagner pour les compagnies aériennes cubaines et étasuniennes pour non-desserte de l’itinéraire correspondant et pour non-prestation d’autres services aéroportuaires se monte à 193 832 538 dollars.

Le secteur de la science, de la technologie et de l’environnement a aussi été touché par le blocus étasunien.

 Ainsi, le Bureau cubain de la propriété industrielle (OCPI) éprouve des difficultés à payer le Bureau de l’OMPI à Genève au titre des demandes de brevets internationaux, car Crédit suisse et Union des banques suisses (UBS) ont refusé de réaliser les opérations correspondantes au motif de l’extraterritorialité des dispositions du blocus.

Le secteur de l’informatique et des communications a aussi été touché durement par le blocus, y compris par les restrictions qu’imposent les USA à l’accès à Internet.

 Cuba ne peut se connecter à Internet au débit approprié et à la largeur de bande requise, dans la mesure où, à cause du blocus, elle doit passer par des connexions satellitaires très coûteuses et à capacités limitées. Ce problème serait réglé si elle pouvait se brancher, sans conditions ni exigences discriminatoires, sur les câbles  sous-marins à fibre optique qui passent à quelques kilomètres de ses côtes, ce que les autorités étasuniennes ne permettent toujours pas.

 Cuba n’a pas le droit d’accéder aux services qu’offrent nombre de sites web, ce refus d’accès se produisant quand l’ordinateur reconnaît que la liaison est établie à partir d’une adresse Internet (IP) octroyée au domaine cubain .cu. On ne constate ce refus qu’à partir de connexions faites depuis Cuba. On a toutefois détecté un cas où le refus de connexion avec Cuba se produit indépendamment du lieu de connexion : le site de l’agence de voyages AMADEUS (http://www.amadeus.com.

 En mai 2009, la société étasunienne Microsoft a bloqué son service Windows Live à Cuba. Quand il tente de se connecter à ce service, le cybernaute cubain peut lire l’avis suivant : « Microsoft ayant coupé l’accès à Windows Live Messenger IM aux usagers de pays soumis à un embargo des Etats-Unis, il n’offrira plus ce service à votre pays. »

On trouvera ci-dessous quelques exemples d’autres sites web interdits d’accès au domaine .cu :

1. Cisco Systems (technologies pour connexion, routeurs pour serveurs d’accès à Internet, dont des équipements pour vidéo numérique) : http://tools.cisco.com/RPF/register.do.
2. SolidWorks (système automatisés de conception) :
http://www.solidworks.com/sw/termsofuse.html.
3.  Symantec (logiciel de protection antivirus) :
http://www.symantec.com/about/profile/policies/legal.

L’Empresa de Telecomunicaciones de Cuba S.A. (ETECSA) a essuyé des pertes d’environ 53, 7 millions de dollars durant la période analysée, dues essentiellement au fait qu’elle ne peut accéder au marché étasunien pour acheter des équipements spécialisés, des pièces détachées et d’autres articles nécessaires à son bon fonctionnement, ce qui la contraint à chercher des intermédiaires qui renchérissent énormément les produits. Durant cette période, ETECSA a dû débourser 96 100 dollars de plus que prévus pour pouvoir disposer d’un plus grand stock de pièces détachées et garantir ses services.

L’industrie touristique cubaine n’échappe aux effets négatifs du blocus, le manque à gagner ayant été chiffré autour de 1 214 500 000 dollars.

L’Office of  Foreign Assets Controle (OFAC), rattaché au département du Trésor, a continué d’empêcher les transactions commerciales en rapport avec l’offre touristique cubaine, dont les services offerts à travers Internet, parmi lesquels les services de réservations, l’achat de billets, de logement, de location d’aéronefs et les opérations relatives au tourisme de croisière et nautique. L’an dernier, l’OFAC a interdit à GDS SABRE de continuer de prêter des services globaux de distribution de réservations de chambre dans des hôtels cubains gérés par des chaînes étrangères.

 Selon les prévisions de l’American Society of Travel Agents (ASTA) – qui coïncident avec celles d’autres sources liées au tourisme international, en particulier dans les Caraïbes – la quantité de touristes et de plaisanciers étasuniens qui auraient pu passer des vacances à Cuba en 2008, n’était la prohibition de leur gouvernement, a été calculée à 1,75 million, ce qui aurait rapporter à l’industrie touristique cubaine au moins 1 200 000 000 dollars, y compris compte tenu d’une diminution des dépenses de ces touristes à cause de la crise économique en cours depuis l’année dernière.

 Les lignes aériennes canadiennes doivent remettre aux autorités étasuniennes, soixante-douze heures à l’avance, une information sur les passagers dans des vols traversant les USA, ce nouveau contrôle permettant à l’OFAC de contrôler les Étasuniens se rendant à Cuba sans autorisation.

 À la suite de la traque étasunienne, les sociétés touristiques cubaines ne peuvent pas non plus passer des annonces publicitaires dans les meilleurs systèmes de service web, comme Google, Yahoo et MSN, tous étasuniens. Durant la période analysée, l’administration étasunienne a continué de limiter et d’entraver au maximum l’accès de Cuba au commerce électronique et aux transactions basées sur les cartes de crédit.

 Le blocus interdit l’achat d’équipements, de pièces, de parties et d’accessoires aux États-Unis et à leurs filiales et succursales dans d’autres pays, ainsi que de technologies et de services de marques étasuniennes connus des touristes, ce qui renchérit les livraisons à l’industrie touristique cubaine : prix plus élevés, stocks accrus, augmentation du fret et taux d’intérêt élevés sur les crédits.

L’industrie lourde, base importante de l’industrie nationale, est constamment harcelée par la politique de blocus, celle du nickel continuant d’être l’une des branches les plus traquées et poursuivies à ce titre. Durant la période analysée, l’industrie a essuyé des pertes pour 62,9 millions de dollars, dont 45,8 millions découlant de préjudices causés aux exportations, car il est interdit d’importer aux USA tout produit élaboré en tout ou partie avec des matières premières cubaines, même s’il est fabriqué dans un pays tiers.

Une société cubaine de l’industrie lourde a présenté une pétition à la société étasunienne ARMSTRONG EQUIPMENT en vue d’acheter un moulin microniseur ou module de broyage, très utile dans les mines. Le fournisseur éventuel n’a jamais répondu.

On trouvera ci-dessous des exemples d’extraterritorialité à l’égard de cette industrie :

Minxia Non-Ferrous Metal Inc., subsidiaire de la société chinoise Minmetals, s’est vue infliger par l’OFAC une amende de 1 198 000 dollars pour avoir vendu sans autorisation des métaux cubains (nickel) de 2003 à 2006.

 L’administration Obama vient d’imposer une amende de 110 000 dollars à la société Varel Holdings, spécialisée dans la fabrication de tarières pour forages pétroliers, pour avoir exporté des technologies à Cuba. Selon l’OFAC, de juin 2005 à juin 2006, « une filiale étrangère de Varel Holdings a réalisé onze exportations de biens dans lesquelles Cuba ou un ressortissant cubain était impliqué•. Il s’agit là de l’amende la plus forte infligée durant l’exercice fiscal actuel.

 Le 30 avril, l’OFAC a fait savoir qu’elle avait infligé une amende de 2 000 dollars à la société étasunienne EFEX Trade LLC pour avoir sans autorisation prêté des services d’envois de fonds familiaux impliquant Cuba.

 En juillet 2008, la société Platte River Associates de Boulder (Colorado) a été accusée de « commerce avec l’ennemi » pour avoir censément transféré des technologies à Cuba, concrètement d’avoir livré un logiciel technique spécialisé d’ordinateur et de formation à l’informatique utilisé ensuite pour créer un modèle d’exploration et de développement potentiel de pétrole et de gaz dans les eaux territoriales cubaines, sans avoir reçu l’autorisation pertinente du département du Trésor. Les cadres de cette société pourraient se voir infliger des peines de jusqu’à dix ans de privation de liberté.

 La filiale brésilienne de la société Purolite n’a pas pu vendre des résines cationiques sélectives pour nickel et cobalt à l’Institut cubaine de science et de technologie des matériaux (IMRE) en vue d’en tester l’emploi dans le traitement des latérites, ce qui entraînerait, en cas de succès, des augmentations importantes dans la récupération de nickel et cobalt, ainsi qu’une réduction des coûts de production. La direction régionale de Purolite pour l’Amérique latine a affirmé qu’ « en tant que société étasunienne, elle n’a pas le droit de nouer des relations commerciales avec Cuba ».

Les préjudices causés par le blocus à l’industrie sidérurgique et de constructions mécaniques sont évalués à 38 164 000 dollars. Ce manque à gagner aurait pu permettre d’acheter 139 284 réfrigérateurs ou 1 173 423 tôles galvanisées permettant de couvrir 49 261 logements de 70 mètres carrés chacun.

 Le blocus renchérit la matière première destinée à la fabrication d’équipements médicaux. Ainsi, les pertes concernant l’achat d’acier dans des régions plus éloignées se sont montées à 96 500 000 dollars, cette somme ayant permis de fabriquer les dix-sept lave-mains à pédale ou fémoraux nécessaires au service de néonatologie de la maternité Docteur Eusebio Hernández qui offre des services à une grande population,  ou de répondre aux besoins des urgences de l’hôpital pédiatrique Juan Manuel Márquez, ces produits étant indispensables aux blocs opératoires de ces hôpitaux.

L’extraterritorialité du blocus a porté préjudice à la société cubaine ACINOX quand elle a voulu acheter un transformateur de 124 MW MVA pour la sous-station électrique de 220 kv d’Antilla de Acero. Quand elle a voulu l’acheter dans un pays latino-américain, la société Siemens a réagi : « Nous ne pouvons pas vendre à Cuba car, bien que société allemande, nous suivons certaines règles étasuniennes. »

 Quelque chose de similaire est survenu en janvier 2009 : la société ALCOA-Espagne a refusé une requête d’achat de profilés d’aluminium de la société de commercialisation cubaine ALCUBA, la réponse ayant été la suivante : « En réponse à votre demande d’information sur des livraisons d’aluminium, nous tenons à vous faire savoir que, société dont le siège social est aux USA, il ne nous est pas permis de satisfaire votre demande à cause des restrictions actuelles au commerce avec Cuba. »

L’industrie légère a aussi été touchée directement par le blocus. D’avril 2008 à avril 2009, les pertes ont été calculées à 18 700 000 dollars.

 La société CETRO, l’union Suchel et la société TEXORO de l’Union textile ont subi des pertes d’autour de 1,9 million de dollars pour retard dans l’arrivée d’intrants destinés à la fabrication de savons de toilette et de ménage, entre autres produits, ce retard découlant de la nécessité d’acheter sur des marchés lointains.

25 octobre 2009

RAPPORT DE CUBA SUR LA RÉSOLUTION 63/7 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES (II)

SANTÉ PUBLIQUE

Les préjudices causés à la santé publique se sont montés à 25 millions de dollars de mai 2008 à avril 2009.

Ces préjudices découlent du fait que Cuba est contrainte d’acquérir des produits et de équipements sur des marchés lointains et de recourir à des intermédiaires dans ce but, ce qui renchérit les coûts d’achat.

La prohibition faite à des scientifiques et spécialistes cubains de la santé de participer à de nombreux congrès et réunions scientifiques aux USA ou la non-délivrance de visas dans ce sens constitue un obstacle au recyclage professionnel, à la comparaison de méthodes utilisés dans le traitement de différentes maladies et aux échanges d’expériences qui pourraient être utiles aux deux pays.

Les dommages causés par le blocus sont particulièrement cruels dans ce domaine, non seulement du fait de ses retombées économiques, mais aussi, et en particulier, pour les souffrances qu’elles infligent aux patients et à leurs familles et pour ses effets directs sur la santé de la population cubaine.

On en trouvera ci-après quelques exemples :

- Le Centre national de génétique médicale tente en vain depuis 2003 d’acquérir un appareil d’analyse de génomes à séquençage automatique et d’analyse de génomes complets, indispensable pour étudier l’origine de maladies à haute incidence dans la population cubaine et se situant parmi les premières causes de décès : cancer du sein, du côlon et de la prostate ; hypertension ; asthme ; diabète ; et troubles mentaux, entre autres, l’impossibilité d’achat s’expliquant par le fait qu’il est fabriqué exclusivement par des sociétés étasuniennes ou à brevet étasunien, comme la société Applied Biosystem (ABI).

- L’Institut de cardiologie et de chirurgie cardiovasculaire a, à travers l’entreprise Alimport , demandé à la société étasunienne Cook Vascular Inc., à brevet unique, de lui vendre un équipement d’ablation d’électrode permanente qui s’avère vital pour des patients souffrant d’une complication septique au niveau de l’électrode implanté de manière permanente ou de toute autre dysfonction-nement de celui-ci. Faute de cet équipement, il faut procéder à une opération à thorax ouvert, ce qui implique un risque grave pour la vie du patient. La société n’a pas répondu à la requête cubaine.

- La société MEDICUBA a, à travers la société Alimport, demandé à la société BARD de lui vendre des prothèses vasculaires, à la société CORDIS des pinces pour biopsie endomyocardique et à la société BOSTON SCIENTIFIC des dispositifs de dilatation microchirurgicaux  Cutting Balloon. Seule BARD a daigné répondre en disant que les lois du blocus ne lui permettaient pas de présenter ses produits en vente, tandis que les deux autres sociétés, redoutant les conséquences éventuelles, n’ont même pas répondu.

- Le Système intégré d’urgences médicales (SIUM) n’a pu recevoir trois ambulances Ford d’occasion (environ 24 000 dollars chacune sur ce marché), les Pasteurs pour la paix n’ayant pas pu en faire don à Cuba par prohibition de l’administration.

La santé des enfants cubains a aussi subi les torts causés par la politique brutale de blocus :

- Les hôpitaux pédiatrique ont beaucoup de mal à acquérir les articles nécessaires aux petits enfants, tels que sondes vésicales, digestives et trachéales de meilleure qualité et durabilité, des aiguilles de Huber pour trachéotomie et ponctions lombaires dont la plupart est de fabrication étasunienne.

- Les petits Cubains souffrant de leucémie lymphoblastique ne peuvent recevoir le médicament Erwinia L-asparaginasa, connu dans le monde comme Elspar, la société pharmaceutique étasunienne Merck and Co refusant de le vendre à Cuba.

- Le Centre de cardiologie pédiatrique William Soler ne peut acheter des dispositifs tels que cathéters, coils, guides et stents utilisés pour le diagnostic et le traitement par cathétérisme d’enfants atteints de cardiopathies congénitales complexes, les sociétés NUMED, AGA et BOSTON SCIENTIFIC refusant de le lui vendre. Aussi la liste d’enfants cubains devant être opérés à cœur ouvert s’est-elle allongée l’an dernier de huit nouveaux cas :

1- Osdenis Díaz, 30 mois, Pinar del Río, HC 684805
2.-Leinier Ramírez Pérez, 9 mois, Camagüey, HC 686901
3.- Leidy Reyes Blanco, 2 ans, Camagüey, HC 684376
4.- José Luis Sanamé, 13 ans, Ciego de Ávila, HC 687071
5.- Yusmary Rodríguez Márquez, 12 ans, La Havane, HC 686546
6.- Pedro P. Valle Ros, 5 ans, Matanzas, HC 685014
7.- Osniel Pérez Espinosa, 5 ans, La Havane, HC 679922
8.- Roilán Martínez Pérez, 3 ans, Pinar del Río, HC 685449

Ces enfants ne peuvent recevoir le meilleur traitement de santé possible à cause de la cruauté du blocus.

Les cas ci-dessous prouvent la portée extraterritoriale du blocus dans le domaine de la santé :

- La société cubaine GCATE S.A., spécialisée dans l’achat d’équipement technologique destiné à la santé publique, s’est heurtée à de nombreuses difficultés avec la société hollandaise Philips Medical qui, après avoir vendu et installé une série d’équipements, refuse maintenant de livrer les pièces de rechange et la contraint à se fournir à travers des pays tiers, ce qui renchérit notablement le coût d’achat et rend la maintenance plus difficile. La société hollandaise se justifie au nom des clauses du blocus étasunien.

- La société japonaise HITACHI refuse de vendre à Cuba un microscope à transmission électronique spécialisé en anatomie pathologique, prétextant des clauses du blocus, ce qui oblige notre pays à se pourvoir ailleurs à un coût plus élevé.

- La société japonaise TOSHIBA refuse pour ce même motif de vendre à Cuba des équipements de pointe, comme une chambre gamma, utilisée pour des études d’isotopes radioactifs en médecine nucléaire, des appareils de résonance magnétique et des échographies de haute précision, ce qui porte préjudice aux services de santé destinés à la population cubaine.

ALIMENTATION

Non contente de devoir faire face aux conséquences défavorables des crises alimentaire, énergétique, économique et financière mondiales, Cuba doit surmonter les restrictions qu’impose le blocus pour pouvoir satisfaire les besoins alimentaires de sa population.

Bien que les USA aient autorisé depuis 2000 des ventes alimentaires à Cuba, elles sont régies par des mesures de supervision rigoureuses et par un processus bureaucratique et lent de délivrance d’autorisations au cas par cas de la part de nombreux organes publics. Bien que la nouvelle administration ait annoncé le 11 mars dernier qu’elle fournirait des autorisations générales à l’exportation d’aliments à Cuba, le fait est qu’elle continue d’entraver les achats de notre pays et n’a engagé aucune action pour que ces ventes se fassent selon les normes, voies et pratiques habituelles dans le commerce international.

En 2008, la société ALIMPORT a dû verser 154 900 000 dollars de plus à cause des obstacles imposés aux transactions avec les USA, ce qui aurait permis à Cuba d’acheter sur ce même marché étasunien, aux prix moyens de l’année, 339 000 tonnes de blé ou 615 000 tonnes de maïs ou 126 700 tonnes de poulet destinés aux onze millions de Cubains compris dans le programme du « panier de la ménagère ».

D’avril 2008 à mars 2009, le secteur agroalimentaire, si sensible pour la sécurité alimentaire du pays, a essuyé des pertes de 121 800 000 dollars à cause du blocus.

On en trouvera ci-dessous quelques exemples :

- À cause du blocus, Cuba doit conserver au froid une moyenne d’environ 3,79 millions d’œufs par mois pour assurer des livraisons stables à la population et prévenir des défaillances soudaines dans les livraisons de matières premières étasuniennes destinés aux aliments pour animaux, ceci entraînant une dépense de 5,2 millions de dollars par an.

- Dans l’industrie halieutique, les pertes se sont chiffrées à 5,4 millions de dollars durant cette même période à cause de taxes plus élevées sur les marchés d’exportations, ainsi que de la cherté accrue du transport, des taux de change et du risque accru que courent les marchandises sous l’effet de longues traversées.

Parmi les exemples illustrant les retombées de l’extraterritorialité du blocus dans l’alimentation, on peut citer les suivants :

- La société mixte CORACAN S.A., à capitaux cubano-canadiens, constituée pour produire et vendre des aliments à préparation instantanée, a essuyé des pertes de plus de 164 000 dollars dans la mesure où le blocus entrave ses relations avec des sociétés de pays tiers. En voici quelques exemples :

- En décembre 2008, la société canadienne SENSIENT FLAVORS, qui livrait la matière première Parfum d’organe en poudre, a fait savoir que sa maison mère d’Indianapolis lui interdisait de vendre à Cuba.

- La société canadienne Sethness Products Company a fait savoir à la société CORACAN qu’elle ne pouvait pas  continuer de lui livrer la couleur caramel en poudre par suite d’instructions de sa maison mère de Chicago, si bien que l’usine de sodas CORACAN a dû interrompre sa production pour plus de quinze jours, chercher de nouveaux fournisseurs et payer plus cher.

- La société mixte cubano-française Los Portales, constituée pour produire des eaux minérales et des sodas, a signé un contrat avec la filiale étasunienne LATAPACK-BALL, installée au Brésil pour la livraison de cannettes et de couvercles d’aluminium à un prix f.a.b. inférieur de 25 p. 100 au marché mondial. En février 2009, cette société a fait savoir qu’elle n’était pas autorisée de livrer ces cannettes, même pas par Groupe Nestlé interposé. Ceci aurait permis à Los Portales de diminuer de 4,4 millions de dollars ses coûts d’importation.

- En mars 2009, la société LACTALIS USA, filiale étasunienne du géant français Lactalis, producteur de fromages et de produits lactés, s’est vue infliger une amende de 20 960 dollars par l’Office of Foreign Assets Control ( OFAC) pour infraction aux réglementations du blocus (« transfert financiers électroniques dans lesquels Cuba ou un ressortissant cubain était impliqué entre février 2004 et mars 2007 »). Il s’agit là de la première sanction infligée par l’OFAC depuis l’entrée du président Obama à la Maison-Blanche.

AUTRES DOMAINES À RETOMBÉES SOCIALES

Les domaines de l’éducation et de la culture ont été durement touchés par le blocus ces cinquante dernières années.

EDUCATION

Le blocus influe négativement sur tous les niveaux d’enseignement. Bien que le gouvernement cubain déploie des efforts pour garantir à tous les citoyens une éducation de bonne qualité, le blocus se traduit par des carences quotidiennes qui portent préjudice à l’enseignement, à la recherche et au travail scientifique en général.

On en trouvera ci-après quelques exemples :

- De mai 2008 à avril 2009, ce secteur a importé pour environ 40 millions de dollars, dont 8,7 p. 100 correspondait au paiement de flets pour marchandises achetées sur le marché asiatique. Si Cuba avait pu se fournir aux USA, ces frets auraient diminué à 3,9 p. 100, soit 1,39 millions de dollars de moins, une somme qui aurait permis d’acheter 40 millions de crayons, un million de boîtes de pâte à modeler pour les garderies et le primaire et 555 000 boîtes de crayolas.

- Les instituteurs et professeurs cubains ne peuvent accéder à une bibliographie actualisée d’écrivains ou de centres de recherche et d’enseignement étasuniens, car les maisons d’édition de ce pays et leurs filiales dans des pays tiers refusent de vendre à Cuba. L’achat sur des marchés lointains renchérit les frets.

- Cuba ne peut acheter une série d’instruments psychopédagogiques correspondant aux techniques WPPISI, WAIS y GRACE, qui servent à déterminer le quotient intellectuel, émotionnel et moteur de personnes à besoins éducatifs spéciaux, parce qu’ils sont d’origine étasunienne.

- Durant la période sous examen, le secteur de l’enseignement supérieur a souffert des pertes évaluées à 3,8 millions de dollars, sous forme de préjudice à la production et aux services, de revenus non perçus pour exportations de biens et services, de non-accès à la technologie étasunienne, de programmes universitaires annulés, de non-exécution de virements bancaires et de programmes.

- L’accès à l’Internet, outil incontournable pour les universités, est limité parce que le gouvernement étasunien interdit à Cuba de se connecter sur les câbles sous-marins proches et de disposer de technologies qui permettraient d’élargir sensiblement la bande passante disponible dans le pays.

Le secteur de l’éducation  n’échappe à l’extraterritorialité du blocus :

- La faculté d’économie de l’Université de La Havane a besoin de réaménager trois ascenseurs et se procurer au Canada des pièces des marques GAL et ECI. Elle est entrée en négociations en 2008 avec une société canadienne qui a fait parvenir un devis de 11 318 dollars. Néanmoins, une fois le contrat signé et la carte de crédit ouverte, la société n’a pas exécuté son offre parce que la totalité des pièces détachées était d’origine étasunienne. La fac a dû se fournir auprès d’une autre société à un coût plus élevée de 200 p. 100.

CULTURE

La politique de blocus a privé les deux pays d’échanges culturels, qui avaient été très intenses tout au long de l’histoire, et empêché nos peuples de profiter du meilleur de leurs expressions artistiques, littéraires et culturelles.

Parmi les principaux préjudices durant cette période, on peut citer :

- En mai 2009, le célèbre interprète cubain Silvio Rodriguez n’a pu, pour refus de visa, participer au concert d’hommage organisé aux USA pour le quatre-vingt-dixième anniversaire de Pete Seeger

- La société ARTEX a souffert de lourdes pertes dans ses droits de commercialisation discographique, car le blocus interdit la promotion et la diffusion adéquates des talents musicaux cubains, réduit au minimum les prix de vente et limite l’écoute de la musique cubaine. De mai 2008 à avril 2009, le manque à gagner a été évalué à 130 000 dollars.

- L’Institut cubain du livre (ICL) ne peut vendre la littérature cubaine, car il lui est impossible d’encaisser des chèques ou de recevoir des virements en dollars en provenance de maisons d’édition étrangères. Ainsi, la maison d’édition portoricaine NORMA n’a pas pu payer les droits sur des ouvrages d’auteurs comme Nicolás Guillén, Dora Alonso, David Chericián et Roberto Fernández Retamar.

- L’activité du Fonds cubain de biens culturels a été particulièrement touchée par le renchérissement des matières premières et des matériaux indispensables au développement des arts plastiques et appliqués. Comme dans d’autres domaines, Cuba doit se fournir en matériaux et moyens d’origine étasunienne à des prix incomparablement supérieurs sur les marchés plus lointains d’Europe et d’Asie, le manque à gagner à ce titre ayant été évalué à 636 mil 990 dollars durant la période analysée.

- L’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographiques (ICAIC) se heurte à des limitations sensibles dans la distribution, la projection, la restauration et la conservation de son patrimoine filmographique, faute de pouvoir se procurer des équipements, des technologies, des pièces détachés et des matériaux vitaux dans ce domaine. Il est pratiquement impossible de les acheter hors des USA et leur achat à travers de tiers renchérit notablement les coûts.

SPORT

En sport, on peut citer aussi de nombreux exemples du blocus:

- Cuba n’a pas pu acheter l’équipement de chromatographie liquide couplé à la spectrométrie de masse (LC/MS/MS) qui est indispensable de nos jours au contrôle antidopage, parce que Washington interdit aux sociétés étasuniennes et à leurs filiales dans des pays tiers de le lui vendre, tout comme il interdit de vendre les réactifs et les substance de référence au laboratoire antidopage.

- Selon des calculs faits au plus bas, les pertes découlant d’équipements hors de service à cause de pièces détachées impossibles à acheter aux USA se montent à 781 000 dollars.

TRANSPORT

Bien que le gouvernement cubain consente d’énormes efforts pour stimuler le transport et la réparation de voies, le blocus continue d’entraver les plans de développement du pays dans ce domaine. De mars 2008 à avril 2009, les préjudices ont été chiffrés à 357 802 000 dollars.

- En mars, la société étasunienne ASTEC Industries Inc. a refusé de vendre à une entreprise cubaine des équipements destinés à la réparation de chaussées asphaltées, invoquant pour motif les clauses du blocus.

- La société General Cable Inc., qui vend du matériel électrique, a informé le 20 mars qu’elle ne pouvait engager aucune relation commerciale avec Cuba, car aucun changement n’était intervenu à sa connaissance entre les deux pays dans ce domaine : « Malheureusement, du fait des lois internationales établies par le département du Trésor, il ne nous est pas permis de nouer des relations commerciales avec Cuba. »

- Les réparations navales sont aussi touchées par le blocus. Les achats de matériaux et de produits nécessaires à cette activité renchérissent de 20 p. 100 du fait qu’il faut les acheter en Europe, soit un préjudice de 5 0520 000 dollars.

- Le réseau routier national comprend 2 886,3 kilomètres en état médiocre et mauvais. Il faudrait 327 900 000 dollars pour les réparer et 600 millions de dollars pour conclure les tronçons restants de l’Autoroute nationale. Mais Cuba ne peut accéder aux financements de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement alloués à ce genre d’infrastructure, compte tenu du contrôle des USA sur ces organes. Selon la page Web correspondante, la Banque interaméricaine de développement a, de novembre 2007 à avril 2009, alloué 750 millions de dollars à des projets d’infrastructure routière à des pays latino-américains et caribéens.

24 octobre 2009

RAPPORT DE CUBA SUR LA RÉSOLUTION 63/7 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES (I)

« Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier
appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique »

La Havane (Cuba)

1. INTRODUCTION

Le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d’Amérique depuis maintenant cinquante ans est le summum d’une politique cruelle et inhumaine, privée de légalité et de légitimité, sciemment conçue pour provoquer dans la population cubaine la faim, la maladie et le désespoir. Rien n’a changé sous dix administrations étasuniennes successives, si ce n’est la recrudescence de cette politique. Rien d’essentiel n’a changé non plus depuis l’entrée à la Maison-Blanche en janvier 2009 d’une nouvelle administration.

Faisant absolument fi de la résolution 63/7 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 29 octobre 2008, par 185 voix contre 3, l’administration étasunienne, loin de mettre fin au blocus économique, commercial et financier appliqué à la République de Cuba, a maintenu en vigueur les lois, dispositions et pratiques le sous-tendant. Elle a continué de renforcer les mécanismes politiques, administratifs et répressifs destinés à le mettre en œuvre d’une manière plus efficace et délibérée.

L’administration étasunienne a continué d’appliquer le blocus dans toute sa rigueur. Elle n’a annoncé, encore moins entrepris, aucune action qui tendrait à dénouer la trame complexe de lois et de dispositions administratives autorisant le blocus. Elle n’a pas non plus modifié les fondements de cette politique. À preuve le maintien des législations et des réglementations ci-après :

Trading with the Enemy Act (TWEA). Promulguée en 1917 comme mesure de guerre pour restreindre le commerce avec des nations jugées hostiles, l’application de la Loi sur le commerce avec l’ennemi a ensuite été étendue pour permettre au président de réglementer les transactions de biens qui impliqueraient des ressortissants étasuniens dans un pays étranger, aussi bien en temps de guerre que « durant n’importe quelle autre période d’urgence nationale décrétée par le président ». C’est sur cette loi que se fondent les premières réglementations du blocus décrété contre Cuba en 1962.

Foreign Assistance Act. Par cette Loi sur l’aide extérieure promulguée en septembre 1961, le Congrès étasunien a autorisé le président à établir et à maintenir « un embargo total sur le commerce entre les USA et Cuba », et a interdit l’octroi de n’importe quelle aide au gouvernement cubain.

Export Administration Act (EAA). Adoptée en 1979 à la suite d’une révision des contrôles sur les exportations, la Loi sur la gestion des exportations a conféré au président l’autorité pour contrôler en général les exportations et réexportations de biens et de technologies et restreindre en particulier les exportations qui contribueraient à améliorer le potentiel militaire de n’importe quel pays au détriment de la sécurité nationale des USA.

Cuban Democracy Act (CDA). Cette Loi relative à la démocratie cubaine, plus connue comme loi Torricelli et signée par le président Bush père en octobre 1992, a permis à l’administration étasunienne de renforcer ses mesures économiques contre Cuba et a fourni une justification normative à l’extraterritorialité du blocus. Elle interdit, entre autres prohibitions, à des filiales de sociétés étasuniennes dans des pays tiers de faire des transactions avec Cuba ou avec des ressortissants cubains et aux cargos de pays tiers qui auraient accosté dans des ports cubains à entrer dans des ports étasuniens dans un délai de cent quatre-vingts jours.

Cuban Liberty and Democratic Solidarity (LIBERTAD) Act. Cette loi relative à la solidarité démocratique et à la liberté cubaine, plus connue comme Loi Helms-Burton et signée par le président Clinton en mars 1996, vise à décourager les investissements étrangers et à internationaliser le blocus contre Cuba. Elle a codifié les dispositions du blocus, a limité les prérogatives du président à suspendre cette politique et a élargi sa portée extraterritoriale. Elle dénie l’entrée aux USA des cadres de sociétés étrangères (et à leurs familles) qui auraient investi dans des biens « saisis » à Cuba et fixe la possibilité d’actions légales contre eux devant des cours étasuniennes.

Export Administration Regulations (EAR). On trouve parmi les réglementations concernant la gestion des exportations l’interdiction d’exporter des USA à Cuba, sauf les exceptions précisées expressément ou les autorisations délivrées par le Bureau d’industrie et de sécurité rattaché au département du Commerce. Lesdites réglementations sont avalisées par la Loi sur le commerce avec l’ennemi et par la Loi relative à la gestion des exportations.

L’ampleur des législations et réglementations précitées prouve par ailleurs qu’aucun blocus n’a été aussi total et brutal que celui que les États-Unis maintiennent contre le peuple cubain. Ce blocus constitue d’une part l’acte de génocide signalé à l’article II c) de la Convention de Genève pour la prévention et la répression du crime de génocide, du 9 décembre 1948, et, de l’autre, l’acte de guerre économique, selon la définition donnée dès  1909 par la Conférence navale de Londres au droit de la guerre maritime.

Le blocus contre Cuba n’est pas une question bilatérale avec les USA. L’application extraterritoriale répétée des lois étasuniennes et la traque des intérêts légitimes de sociétés et de citoyens de pays tiers portent un tort sensible à la souveraineté de nombreux autres États.

Se valant de cette politique, l’administration étasunienne continue d’infliger des sanctions à des sociétés nationales et européennes qui font des transactions avec Cuba. Ainsi, les malades cubains ne peuvent bénéficier, en maintes occasions, de moyens de diagnostic, de technologies et de médicaments de nouvelle génération, même si leurs vies en dépendent, car, indépendamment du fait qu’ils soient produits ou qu’ils soient disponibles dans un pays tiers, les lois du blocus interdisent à Cuba de les acquérir si l’un ou l’autre de leurs composants ou de leurs programmes provient des États-Unis.

Selon des calculs faits au plus bas, les préjudices directs causés à Cuba par le blocus jusqu’en décembre 2008 dépassent 96 milliards de dollars, soit, aux prix courants de cette monnaie, 236 221 000 000 de dollars. Il n’est pas difficile d’imaginer les progrès que Cuba aurait pu faire si elle n’avait pas été privée de cette somme à cause du blocus et de la guerre économique cruelle que lui font les USA.

Défiant ouvertement ceux qui, aux USA et ailleurs, réclament l’élimination de cette politique, la nouvelle administration Obama a réitéré à plusieurs reprises son intention de maintenir le blocus, le vice-président Joseph Biden ayant affirmé : « Les États-Unis maintiendront le blocus comme instrument de pression sur Cuba . »

On trouvera dans le présent Rapport une analyse de la véritable portée des mesures adoptées par la nouvelle administration étasunienne et un inventaire des dommages que le blocus a causés de mars 2008 à avril 2009.

2. LES MESURES ADOPTÉES PAR LA NOUVELLE ADMINISTRATION

L’offensive médiatique et diplomatique lancée par le gouvernement des USA pourrait induire en erreur et faire croire qu’il a commencé à démanteler le blocus. Il n’en est rien, en fait, comme on le verra ci-après.

Quelles mesures la Maison-Blanche a-t-elle adoptées ?

• Levée des restrictions imposées aux visites familiales – mais seulement jusqu’au troisième degré de consanguinité – de Cubains vivant aux USA.

• Levée des restrictions imposées à l’envoi de fonds de la part de Cubano-américains à leurs familles à Cuba – mais seulement jusqu’au troisième degré de consanguinité et avec exclusion des « membres du gouvernement cubains » et des « membres du Parti communiste de Cuba ».

• Élargissement de l’éventail d’articles pouvant être envoyés dans des paquets cadeaux.

• Délivrance d’autorisations à des sociétés étasuniennes pour élargir des opérations de télécommunications données avec Cuba.

Tout en réparant en partie une grave injustice – puisqu’elles restituent aux Cubains vivant aux USA le droit de rendre visite à leurs familles à Cuba – droit supprimé par l’administration Bush – ces mesures sont insuffisantes et à portée très limitée, puisqu’elles nous ramènent en fait à la situation qui avait prévalu jusqu’en 2004 quand le blocus était absolument en vigueur sur le plan économique.

De même, tout en dérogeant totalement les limitations imposées à la fréquence et à la durée des visites familiales, en redonnant au concept de famille un sens plus large – mais assorti néanmoins de restrictions – et en élevant le plafond des dépenses quotidiennes des visiteurs, la nouvelle administration a maintenu l’interdiction de voyage faite aux Cubains vivants aux USA mais sans famille dans l’île.

Ces mesures ne restituent pas non plus aux Étasuniens le droit constitutionnel de visiter librement Cuba, le seul pays où il leur est interdit de se rendre.

Quant à la délivrance éventuelle d’autorisations permettant à des sociétés étasuniennes d’élargir des opérations de télécommunications données avec Cuba, cette mesure n’est pas nouvelle : la loi Torricelli avait établi un cadre légal dans ce sens depuis 1992. Mais, dès cette même époque, les différentes administrations ont toutefois limité cette possibilité de communication téléphonique et ont même restreint le type de services que les sociétés étasuniennes pouvaient prêter. Aucune des nouvelles mesures annoncées n’indique que ces limitations ou restrictions seront modifiées. À ce jour, elles sont toutes de nature foncièrement médiatique. Par ailleurs, aucune réglementation n’a encore été promulguée quant à la mise en œuvre de cette mesure.

3. PRÉJUDICES CAUSÉS PAR LE BLOCUS AUX DOMAINES À PLUS FORTES RETOMBÉES SOCIALES

Les objectifs prioritaires du blocus étant d’amener le peuple cubain à la reddition par la faim et les maladies, les domaines de la santé publique et de l’alimentation sont les premiers visés.

26 novembre 2008

ONU : INTERVENTION DE M. FELIPE PÉREZ ROQUE " LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER "

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M. FELIPE PÉREZ ROQUE, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA.
POINT 19 DE L’ORDRE DU JOUR DE LA 63ème SESSION
DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES :

« NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE »

Monsieur le Président,

Cher père Miguel D’Escoto, je me félicite une nouvelle fois de votre élection et de votre présence à ce débat, car vous incarnez ici aujourd’hui la voix des peuples, la voix des petites  gens. Vous pouvez, mon père, compter sur Cuba.

Messieurs les délégués,

Comme tous les ans depuis 1992, Cuba se présente devant l’Assemblée générale des Nations Unies pour réclamer la levée du blocus illégal et injuste que le gouvernement des Etats-Unis lui impose depuis presque cinquante ans. Sept Cubains sur dix ont vécu toute leur vie sous cette politique irrationnelle et inutile qui vise sans succès à faire plier le genou à notre peuple. Le blocus est plus vieux que M. Barack Obama et que tous ceux de ma génération.

Le scrutin qui se déroulera dans quelques minutes intervient dans des circonstances tout à fait particulières : alors que Cuba vient d’être dévastée par deux puissants cyclones, que les élections auront lieu dans six jours aux Etats-Unis et que nous sommes face à une profonde crise financière internationale aux retombées de laquelle aucun de nos pays ne peut réchapper.

A Cuba, plus de cinq cent mille logements et des milliers d’écoles et d’institutions de santé endommagés ; un tiers des terres cultivées dévasté ; les infrastructures de l’électricité et des communications sévèrement détruites : tel est le bilan, entre autres dommages, du passage de phénomènes climatiques sans précédents qui prouvent les effets des changements climatiques pour les pays caribéens.

Si les pertes en vies humaines ont été minimes, cela se doit aux efforts énormes que consentent au préalable les autorités et le peuple, ce qui a permis de protéger et d’évacuer en lieu sûr trois millions deux cent mille personnes. Après tout, nous étions à Cuba, et non à la Nouvelle-Orléans au passage du Katrina.

Malgré les graves dommages et la dévastation provoqués par les deux cyclones, aucun malade ne s’est retrouvé sans soins médicaux, et tous les enfants cubains et les trente mille jeunes de cent vingt-six pays se formant dans nos universités à titre de boursiers suivent normalement les cours. Personne n’a été livré à son sort et nul ne le sera.

Je voudrais, au nom du gouvernement et du peuple cubains, remercier profondément tous ceux qui ont, d’une façon ou d’une autre, manifesté leur solidarité et leur soutien à Cuba dans cette conjoncture dramatique. A ce jour, nous avons reçu de l’aide de soixante-quatre pays.
A rebours de cette large solidarité et contrairement aux affirmations qu’a faites ici ce matin le représentant des USA et auxquelles je me propose de répondre dûment un peu plus tard, l’administration étasunienne a fait étalage de son cynisme et de son hypocrisie habituels. Tout en opposant une fin de non-recevoir à notre demande de pouvoir acheter à des sociétés étasuniennes à partir de crédits privés, ne serait-ce que pour six mois, des aliments et des matériaux indispensables à la reconstruction de notre pays, elle a orchestré une campagne d’intoxication maladroite pour faire croire à l’opinion publique internationale que notre gouvernement ne s’occupait pas de son peuple.

Cuba a agi en fonction de ses positions de principe traditionnelles : nous ne pouvons accepter de l’aide de ceux qui ont durci leur blocus, leurs sanctions et leur hostilité contre notre peuple.

Cuba n’a demandé aucun cadeau à l’administration étasunienne : elle lui a tout bonnement demandé de pouvoir acheter.

L’administration Bush ment une fois de plus à la communauté internationale : elle ment quand elle déclare avoir octroyé à notre pays, après le passage des cyclones, des permis de ventes de produits agricoles pour une valeur de deux cent cinquante millions de dollars. Ces ventes existent depuis 2001 et ne sont donc pas, comme on a prétendu le faire croire ici, une décision prise après le passage des deux derniers cyclones pour venir en aide à Cuba. Qui plus est, nous ne pouvons acheter ces produits que dans le cadre de mesures de supervision rigoureuses et au terme d’une procédure bureaucratique extrêmement tortueuse selon laquelle chaque institution gouvernementale impliquée – et elles sont nombreuses – doit accorder cette autorisation cas par cas, et à condition, qui plus est, que Cuba paye cash et d’avance. Le fait est que l’administration étasunienne a dressé toujours plus d’obstacles pour limiter ces achats.

Si l’administration Bush était vraiment soucieuse du bien-être du peuple cubain, elle devrait tout simplement – ce qui serait la seule attitude moralement décente de sa part – lever le blocus imposé à mon pays en violation des normes les plus élémentaires du droit international et de la Charte des Nations Unies.

Pour que vous vous fassiez une idée de l’ampleur des préjudices que le blocus cause chaque année au peuple cubain, je me bornerai à dire qu’ils sont presque aussi élevés, en termes économiques, que les dégâts causés par les cyclones Gustav et Ike ensemble.

Les cyclones sont des phénomènes naturels aggravés désormais par les changements climatiques et le réchauffement mondial. On ne peut, hélas, les éviter. Le blocus, lui, est une mesure politique génocidaire et illégitime. A la différence des cyclones, les autorités étasuniennes peuvent parfaitement y mettre fin et éviter que le peuple cubain ne continue d’en souffrir.

Le blocus économique, commercial et financier imposé au peuple cubain par les Etats-Unis est le principal obstacle aussi bien au relèvement de notre pays après ces deux cyclones qu’à son développement économique et social.

Des calculs faits au plus bas indiquent que les dommages directs causés par le blocus depuis sa mise en place s’élèvent à 93 milliards de dollars, soit presque deux fois notre Produit intérieur brut. A la valeur actuelle du dollar, cela équivaut à non moins de 224,6 milliards. On n’a pas de mal à s’imaginer combien Cuba aurait pu progresser durant presque cinquante ans si elle n’avait pas été en butte à la guerre économique brutale que les Etats-Unis lui font à l’échelle mondiale.

Bafouant ouvertement la volonté expresse de la communauté internationale qui l’a fait savoir en votant seize résolutions d’affilée à l’Assemblée générale, l’administration étasunienne a, cette année-ci, adopté de nouvelles sanctions économiques encore plus dures contre Cuba ; elle a intensifié sa traque des activités des entreprises cubaines et de pays tiers ; elle s’est lancée dans une chasse insane à nos transactions financières avec l’étranger, et même à celles qui impliquent des versements aux institutions spécialisées des Nations Unies. Elle a intensifié sa poursuite jusqu’à bloquer des sites Internet en rapport avec notre pays.

Washington a par ailleurs accru à des niveaux sans précédent son aide financière et matérielle à ceux qui visent à liquider l’ordre constitutionnel cubain, dégageant à ces fins 46 millions de dollars de plus destinés à la subversion interne et 39 millions de plus visant à maintenir ses émissions de radio et de télévision illégales. Soit dit en passant, ces sommes représentent huit fois le montant de l’aide censément offerte au peuple cubain après les cyclones.

Le Government Accountability Office (GAO), institution publique, a reconnu explicitement dans son rapport de novembre 2007 que, des vingt programmes de sanctions économiques appliqués à différents pays, le blocus contre Cuba en constitue l’ensemble le plus intégral jamais mis en place par les USA.

Monsieur le Président,

Le Rapport détaillé et bien documenté que le Secrétaire général a présenté à partir des contributions de cent dix-huit pays et de vingt-deux institutions et agences internationales m’exempte d’avoir à donner ici des exemples qui prouvent que pas un seul domaine de la vie économique et social cubaine n’est à l’abri du blocus étasunien, depuis l’impossibilité d’acheter des intrants et des équipements destinés à la chirurgie cardio-vasculaire des enfants ou des scanographes indispensables en cancérologie moderne, jusqu’aux amendes et peines de prison infligées aux Etatsuniens qui voyagent à Cuba, voire aux agences de tourisme responsables. L’administration Bush devait saisir l’occasion pour expliquer à l’Assemblée générale pourquoi elle traite en ennemis les petits cardiaques cubains !

Les représentants de l’administration étasunienne mentent tous les ans à cette Assemblée quand ils lui ressassent que le blocus n’existe pas, qu’il n’est pas le principal responsable des pénuries et des souffrances que le peuple cubain a vécues tout au long de ces cinquante années.

Messieurs les délégués,

Le blocus n’est pas une simple question bilatérale entre Cuba et les Etats-Unis. L’application extraterritoriale des lois étasuniennes et la traque aux intérêts légitimes de personnes juridiques et naturelles de pays tiers – des pays que vous représentez ici, messieurs les délégués – qui tentent d’investir à Cuba et de faire des affaires avec elle concernent tous les Etats ici réunis.

Le blocus viole aussi d’une manière flagrante les droits du peuple étasunien. Il restreint sa liberté de déplacement, consacrée dans la Constitution. Ces dernières années, le département du Trésor a durci sa politique déjà bien rigoureuse consistant à refuser les autorisations d’échanges religieux, professionnels, culturels et universitaires entre le peuple étasunien et le peuple cubain.

Le blocus entrave aussi les relations normales entre les Cubains vivant aux USA et leurs familles à Cuba.

Monsieur le Président,

Un nouveau président des Etats-Unis sera élu dans quelques heures. Il devra décider face à l’alternative suivante : lever le blocus parce qu’il constitue une politique ratée qui isole et discrédite toujours plus son pays dans l’arène internationale ou faire preuve du même entêtement et de la même cruauté que ses devanciers pour tenter de faire plier le peuple cubain à force de famine et de maladies.

De cette tribune-ci, je le lui redis :

Il ne pourra jamais faire plier le peuple cubain. Aucun blocus, aucun cyclone ne le découragera. Nulle force humaine ne sera à même de soumettre les Cubains. S’il en veut la preuve, qu’il prenne celle des cinq héros cubains, militants antiterroristes, qui viennent de purger dix années d’incarcération injuste et cruelle dans des pénitenciers étasuniens et qui symbolisent la décision de notre peuple de défendre en toute dignité sa liberté et son indépendance.

Je remercie les orateurs qui m’ont précédé de la solidarité et de l’encouragement qu’ils ont exprimés envers le peuple cubain, de leur défense du droit de Cuba, qui es aussi le droit de tous les peuples représentés ici, de leur défense de la Charte des Nations Unies et du droit international.

Je démens, mot pour mot, les affirmations faites ici par le représentant de l’administration étasunienne.

Messieurs les délégués de l’administration étasunienne, vous devriez avoir honte de vous retrouver dans une si profonde solitude dans une salle si pleine ! Le monde est aux côtés de notre petite île rebelle.

Nous ne sommes pas, je tiens à le préciser, monsieur le délégué, anti-étasuniens : nous sommes anti-impérialistes.  Nous n’avons envers votre peuple ni haine ni esprit de revanche. Nous jugeons que votre peuple est victime, tout comme nous, de la politique illégale et absurde de votre administration.

La puissance et la force militaire ne sont pas tout, monsieur le délégué : il faut aussi, vous devriez déjà le savoir, de l’autorité morale.

Vous avez la force pour vous, certes ; nous, nous avons la raison.

Vous n’avez pas non plus d’arguments ; vous vous bornez à nous seriner tous les ans la même litanie d’idées décousues et superflues ; nous avons, nous, tous les arguments possibles qui sont autant dans les documents distribués ici que dans nos paroles.

Votre secrétaire d’Etat ne vient pas dans ces cas-ci à l’Assemblée générale, non seulement par arrogance, mais encore faute d’avoir quelque chose à dire. Et aussi par crainte et par honte.

Vous menacez. Nous, nous ne menaçons jamais : nous demandons simplement la soutien de cette Assemblée en faisant preuve de respect et de hauteur.

Vous recourez au mensonge. Nous recourons, nous, à la vérité.

Vous punissez nos enfants, nos personnes âgées, nos malades. Mais nous n’en accusons pas votre peuple, qui est aussi victime. Tenez, lors du cyclone Katrina, nous lui avions offert nos médecins, prêts à risquer leurs vies et à offrir leurs talents, à sauver des vies et à soulager des souffrances. Et pourtant, vous ne l’avez pas permis. Vous devrez répondre un jour pour une telle décision.

Votre président cessera de l’être dans quelques tours. Il a durci le blocus contre Cuba à des limites inouïes. Il a porté la guerre économique contre notre peuple à des niveaux d’une rare insanité. Il a menacé de nous imposer un « changement de régime ». Et pourtant, il va s’en aller sans y être parvenu, tout comme ses neufs devanciers qui ont suivi la même politique ratée et illégale.

Il faut assurément un « changement » aux Etats-Unis et dans leurs politiques. Oui, certes, we need change. Tout comme il est certain qu’il faut changer le monde où nous vivons,  ce monde du diktat et du chantage, et en bâtir un autre où l’on respectera le droit de tous les peuples.

Sachez, monsieur le délégué, que vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps, comme l’a dit le grand Abraham Lincoln que nous respectons et auquel notre peuple sait aussi rendre hommage.

Vous avez dit que votre politique était archiconnue. Tout à fait juste. Votre politique est archiconnue. Ce que nous ne savons absolument pas, en revanche, c’est pourquoi vous la maintenez alors que le monde entier et jusqu’à votre propre peuple la rejettent.

Vous avez dit que vous avez le droit de faire du commerce avec les pays qu’il vous chante.

Vous avez le droit, assurément, de ne pas faire du commerce avec un pays donné. En revanche, vous n’avez pas le droit de traquer vos hommes d’affaires parce qu’ils veulent faire du commerce avec Cuba ou investir chez nous, encore moins de faire la chasse aux hommes d’affaires de pays tiers à coups de loi Helms-Burton et d’autres législations extraterritoriales.

Vous avez demandé à cette Assemblée de ne pas examiner la résolution qu’a présentée Cuba. et nous, nous insistons pour que cette Assemblée en discute et l’adopte, compte tenu de son importance : ce n’est pas seulement le droit de Cuba qui est en jeu, en effet, mais celui de tous les pays.

Vous avez parlé de « valse des millions », vous avez répété une kyrielle de chiffres, autrement dit les millions que vous nous avez censément offerts.

Vous nous avez offert cinq millions, c’est tout à fait vrai, à quatre reprises et nous les avons rejetés autant de fois, parce que vous ne pouvez acheter notre dignité avec 5, ou 500, ou 5 000 ou 500 000 millions. Nous vous avions avertis de ne pas vous faire d’illusions.

Vous avez jugé inacceptables les mots prononcés par notre ambassadeur Jorge Bolaños, le chef de notre Sections des intérêts à Washington. Fort bien, je vous les répète : « Le blocus constitue une politique génocidaire et illégale, et il doit être levé sur-le-champ, par respect pour la décision prise seize fois d’affilée par cette Assemblée. »

Je voudrais finalement, messieurs les délégués, vous faire connaître en quelque sorte les sentiments de notre peuple qui suit de près en ce moment même le déroulement de ce débat.

Quand mon fils est né en 1995, cette Assemblée générale votait déjà contre le blocus étasunien. Et mon fils a maintenant treize ans.

Quand ma fille est née en 2000, cette Assemblée générale avait déjà voté huit fois contre le blocus. Et ma fille a maintenant huit ans.

Jusqu’à quand les enfants et les jeunes de Cuba devront-ils  attendre pour que justice soit faite ?

Jusqu’à quand le peuple cubain, qui a reçu le soutien unanime de cette Assemblée, devrait-il attendre pour que son droit soit reconnu et que justice soit faire ?

Jusqu’à quand les jeunes étasuniens se verront-ils infliger des amendes et des peines de prison pour vouloir visiter notre pays, connaître nos universités et rencontrer nos étudiants ?

Jusqu’à quand sera-t-il un crime qu’un citoyen d’un pays tiers, d’un de ces pays que vous représentez ici, messieurs les délégués,  veuille commercer avec Cuba ou faire des investissements chez nous ?

Jusqu’à quand tentera-t-on de faire plier de faim et de maladies ces enfants cubains qui, comme les miens, rêvent et croient qu’un monde meilleur est possible, un monde où l’on respectera la dignité, l’indépendance et l’autodétermination de tous les peuples ?

Le représentant des Etats-Unis a demandé à cette Assemblée de ne pas appuyer notre résolution.

Et nous, nous vous demandons au contraire, avec tout le respect que nous vous devons, d’appuyer Cuba, de défendre notre droit, de voter notre résolution.

C’est donc au nom de ce peuple mille fois héroïque qui, face à toutes les adversités, n’a pas été vaincu et ne le sera jamais, au nom de ce peuple auquel le blocus n’a pas pu ôter l’espoir et la joie de vivre, que je réclame une fois de plus la solidarité de cette Assemblée.

C’est donc au nom de ce peuple qui a confiance dans la décision que vous prendrez dans quelques minutes que je vous demande de voter le projet de résolution présenté par Cuba : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique ».

Je vous remercie. (Applaudissements.)


M. FELIPE PÉREZ ROQUE
Ministre des Relations Extérieures
De la République de Cuba


New York, le 29 octobre 2008

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26 novembre 2008

ONU : M.MACHADO VENTURA À LA TABLE RONDE SUR LA SANTÉ ET L'ÉDUCATION

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PROJET D’INTERVENTION DE M. MACHADO VENTURA, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ETAT DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À LA TABLE RONDE SUR
LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT- SANTÉ ET ÉDUCATION

Monsieur le Président

Les Objectifs du Millénaire pour le développement ne seront pas atteints. Des personnalités et des leaders politiques importants, des organes des Nations Unies mêmes et de prestigieuses organisations non gouvernementales le reconnaissent.

Ils ne seront pas atteints, non parce que les buts fixés aient été trop ambitieux : ils sont au contraire trop timides et insuffisants, ce qui rend cet échec encore plus honteux.

Ils ne seront pas atteints tout simplement parce que l’égoïsme, l’injustice, les visées hégémoniques, l’iniquité, le gaspillage et la surconsommation effrénée de quelques-uns prévalent face à la détresse, à la pauvreté, à la faim et à la dénutrition, à l’analphabétisme et à la pénurie de plus de 2,6 milliards de personnes qui survivent avec moins de deux dollars par jour. Parce que prévaut un système où 20 p. 100 de la population mondiale, celle qui vit dans les pays développés, consomme 80 p. 100 de ce qui se produit dans le monde.

Ils ne seront pas atteints parce que les plus de cent pays du Sud ne disposent pas ni ne disposeront des 150 milliards de dollars nécessaires pour y parvenir, une somme qui représente à peine le quart de ce qu’un seul pays, les Etats-Unis,  dépensera cette année au titre de son budget militaire.

Cuba vient revendiquer ici, en toute modestie, la thèse qu’un monde juste, équitable et humain est possible.

Mais il y faut pour cela que ceux qui, bien que possédant de l’argent à ne plus savoir qu’en faire, refusent de tenir leurs engagements et de renoncer à leurs privilèges et à leurs gaspillages fassent preuve de la volonté politique requise pour que des millions de personnes puissent se nourrir décemment ou apprendre à lire et à écrire.

Bien qu’en butte au blocus économique, commercial et financier le plus cruel qu’aucun autre pays au monde ait connu, Cuba a atteint ou s’apprête à le faire les objectifs et cibles fixés. Mon pays a atteint pour l’essentiel les objectifs relatifs à l’élimination de la pauvreté extrême et à la famine, à l’enseignement primaire universel, à la promotion de l’égalité des sexes, à la réduction de la mortalité infantile et maternelle, au combat contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, et à la durabilité environnementale. Nous atteindrons les quelques objectifs encore non atteints avant la fin des délais prévus.

Nos résultats sont notables en santé et en éducation. En 2007, Cuba a enregistré un taux de mortalité infantile de 5,3 décès pour mille naissances vivantes et une espérance de vie de 77,97 ans. Notre système national de santé public, gratuit et pleinement accessible, la priorité étant assurée à des soins de santé primaires généralisés, nous a permis d’atteindre l’objectif  Santé pour tous bien avant 2000.

L’élimination de l’analphabétisme dès 1961 nous a permis de créer les conditions d’une révolution capitale dans l’éducation, qui a élevé notre population à une scolarité de 9,5 années, et d’envisager aujourd’hui l’universalisation des études universitaires et le développement d’une culture générale intégrale pour toute la population.

Monsieur le Président

Cuba, forte de sa volonté politique et partageant les ressources limitées dont elle dispose, développe aujourd’hui des programmes de coopération internationale efficaces  qui bénéficient des millions de personnes dans les pays du Sud. Plus de 37 000 personnels de santé cubains sauvent des vies dans soixante-dix pays. Plus de 1 300 000 Latino-Américains et Caribéens ont retrouvé la vue dans le cadre de l’Opération Miracle. Durant les cinquante ans de Révolution, plus de 50 000 étudiants étrangers de 129 pays ont conclu leurs études à Cuba, et plus de 30 000 étudiants de 123 pays en font actuellement.

La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement exige la mise en place d’un ordre international fondé sur la solidarité, la justice sociale, l’équité et le respect des droits des peuples et de chaque être humain.

Reste à savoir si les responsables du monde chaotique et inéquitable dans lequel nous vivons sont disposés à renoncer ne serait-ce qu’à une petite partie de leurs privilèges et de leurs gaspillages.

Je vous remercie.

M. MACHADO VENTURA
Premier vice-président du Conseil d'État
De la République de Cuba

26 novembre 2008

ONU : INTERVENTION DE M. MACHADO VENTURA SUR LES BESOINS DE DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE

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M. MACHADO VENTURA, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME:

« LES BESOINS DE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE :
ÉTAT DE LA MISE EN ŒUVRE  DES DIFFÉRENTS ENGAGEMENTS, DÉFIS ET PERSPECTIVES »

Monsieur le Président

Trêve de rhétorique. On ne réglera pas la situation de l’Afrique à coups de condoléances, de jérémiades et d’aide caritative timide, tout en dépensant des fortunes en luxes et extravagances dans le Nord. Il faut de nouvelles relations de solidarité et de pleine coopération avec nos frères africains.

Notre exercice sera stérile tant que nous ne répondrons à l’impératif  suivant : la mise en place d’un nouveau système de rapports Nord-Sud à même d’éliminer l’ordre économique, commercial et financier, injuste et  insoutenable, en place dans le monde qui met sur la touche et sacrifie 80 p. 100 de la population mondiale pour satisfaire les gaspillages et les dépenses somptuaires d’une petite minorité. Dans un tel état de choses, aggravé par le néolibéralisme imposé de force, l’on prétend toutefois sataniser le droit des peuples à la solidarité internationale et l’on refuse d’accorder aux pays en développement, en particulier les pays africains, le traitement spécial et différencié qu’ils réclament et méritent.

Plusieurs des hommes d’Etat qui sont venus ici exprimer leur prétendue inquiétude pour l’Afrique sont justement – quelle contradiction ! – ceux qui imposent des conditions et des mécanismes léonins d’ajustement structurel à travers les organismes financiers internationaux qu’ils contrôlent, ces politiques portant atteinte au développement et à la consolidation des services sociaux de base. Tout en exigeant le paiement de la dette extérieure et de son service, ils violent leurs engagements d’Aide publique au développement. Or, l’Afrique dépense aujourd’hui cinq fois dans le service de sa dette qu’en éducation et santé ensemble. Les initiatives d’allègement dont on nous fait tant l’article sont bonnes pour épater la galerie, mais ne servent à rien pour soulager les pénuries des peuples africains.

Les normes et les conditions égoïstes que les grandes économies du Nord imposent au commerce étouffent les économies moins développées. Le juteux négoce réservé en exclusivité aux multimillionnaires consistant à imposer depuis le Nord un régime international injuste de brevets et de contrôle des technologies bloque le développement économique et les politiques sociales aussi bien en Afrique que dans l’immense majorité des pays du Sud.

Tout en fermant leurs portes à des millions de personnes du Sud qui tentent d’émigrer en quête de meilleures conditions de vie et en votant des « directives retour » qui violent les droits les plus élémentaires des émigrés sans papiers, les USA et l’Europe volent une bonne part de nos spécialistes les plus capables.

Monsieur le Président

Si l’on veut vraiment épauler les efforts des peuples et des gouvernements africains, il faut dès lors réclamer ce qui suit :

-    L’annulation de leur dette extérieure, d’autant qu’ils l’ont déjà épongée plus d’une fois.

-    Le respect par les pays du Nord des engagements qu’ils ont pris en matière d’Aide publique au développement, cette aide devant parvenir à tous les pays africains et être employée sans conditions dans les secteurs et domaines que les gouvernements jugent prioritaires.

-    La mobilisation de ressources nouvelles et supplémentaires qui permettent d’accélérer la mise en oeuvre de projets de développement agricole, en prêtant surtout attention aux besoins alimentaires et en adoptant des mesures qui dépassent les maigres résultats de la récente Conférence de la FAO sur la sécurité alimentaire.

-    Le soutien financier, technique et humain à deux Objectifs du Millénaire : élimination de l’analphabétisme et éducation pour tous.

-    Un effort mondial permettant de contribuer au développement de systèmes efficaces de soins de santé primaires sur tout le continent et de garantir les livraisons des médicaments nécessaires au traitement de maladies comme le sida, la tuberculose, la malaria et d’autres pandémies et épidémies tropicales, ainsi que la formation de médecins et de techniciens destinés à ces pays et le personnel de santé requis pour faire face à la situation sanitaire difficile que connaît ce continent.

Monsieur le Président

Cuba a noué des liens profonds avec l’Afrique. La coopération avec ce continent fait partie intégrante de la politique extérieure de la Révolution. Elle a soutenu fermement et d’une manière désintéressée les peuples africains dans leur lutte contre le colonialisme et l’apartheid.

Notre pays a ouvert ses universités et ses I.U.T. aux étudiants africains, dont plus de 32 000 se sont formés ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, 2  253 Africains de 45 pays font des études à Cuba.

Rien qu’en 2007, les 1 982 médecins et techniciens de la santé cubains qui travaillent dans trente-cinq pays africains ont offert presque 7 millions de consultations, procédé à environ 100 0o0 acc0uchements et réalisé presque 200 000 interventions chirurgicales.

Si Cuba peut mener ces actions, que ne pourrait pas faire les pays du Nord qui disposent de bien plus de ressources qu’il n’en faut ? En fait, ce ne sont pas les ressources qui font défaut, mais la volonté politique.

Les peuples africains n’ont pas besoin de nouvelles promesses ni de recettes paternalistes. Ce qu’ils exigent, tout comme les autres habitants de la planète, c’est qu’on respecte leur droit à un ordre international juste et équitable dont les principes clefs seraient la solidarité et la coopération au profit du bien-être de chaque peuple et de chaque personne.

Je vous remercie.

M.MACHADO VENTURA
Premier vice-président du Conseil d'État
De la République de Cuba


New York, le 22 septembre 2008

26 novembre 2008

ONU : INTERVENTION (I) DE M.MACHADO VENTURA AU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA 63ème SESSION DE L'A.G. DE L'ONU

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PROJET D’INTERVENTION DE M. MACHADO VENTURA, PREMIER VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, AU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES, SEPTEMBRE 2008

Monsieur le Président

L’humanité vit un moment décisif de son histoire. Les menaces qui planent sur le monde concernent l’existence même de notre espèce humaine.

La seule voie qui garantisse l’avenir est la paix, la solidarité, la justice sociale et le développement durable. A l’ordre international en vigueur, injuste et intenable, il faut en  substituer un nouveau, vraiment démocratique et équitable qui repose sur le respect du droit international et sur des principes de solidarité et de justice, et qui élimine à jamais les inégalités et l’exclusion auxquelles ont été vouées les vastes majorités de notre planète.

Il n’y a pas d’échappatoire. Les responsables de cet état de choses, à savoir les pays industrialisés, et, en tout premier lieu, la seule superpuissance, doivent assumer leurs responsabilités. On ne saurait continuer de dilapider des sommes colossales alors que des millions d’êtres humains ont faim et meurent de maladies curables. On ne peut continuer de polluer l’air et d’empoisonner les océans, autrement dit de détruire le milieu de vie des générations futures. Les peuples, non plus que la planète, ne le permettront pas à moins de graves troubles sociaux et de gravissimes catastrophes naturelles.

Monsieur le Président

Les guerres de conquête, l’agression contre des pays et leur occupation illégale, l’intervention militaire et le bombardement de populations civiles, le surarmement, le pillage et le vol des ressources naturelles du Tiers-monde, l’offensive impériale visant à faire plier la résistance des peuples qui défendent leurs droits, constituent les plus grandes et les pires menaces à la paix et à la sécurité internationales.

Des concepts tels que la souveraineté limitée, la guerre préventive ou le changement de régime traduisent l’ambition de châtrer l’indépendance de nos pays.

Le prétendu combat contre le terrorisme et la prétendue promotion des libertés ne sont guère que des prétextes permettant de justifier l’agression et l’occupation militaire, la torture, la détention arbitraire, le déni de l’autodétermination des peuples, les blocus injustes et les sanctions unilatérales, la mise en place, par la force, de modèles politiques, économique et sociaux qui facilitent la mainmise impériale, au mépris absolu de l’histoire, des cultures et de la volonté souveraine des peuples.

Le développement et le progrès social restent une chimère. L’abîme ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres. Les très modestes Objectifs du Millénaire pour le développement constituent un rêve irréalisable pour les vastes majorités.

Alors que le monde dépense un billion de dollars en armements, plus de 850 millions d’êtres humains ont faim.
Alors que le monde dépense des sommes astronomiques en publicité ou en cosmétiques, 1,1 milliard de personnes n’ont pas l’eau potable, 2,6 milliards n’ont pas de services d’assainissement et plus de 800 millions sont analphabètes.

Alors qu’on déclenche des guerres pour piller les ressources naturelles des pays du Tiers-monde, au prix de la destruction et de la mort, plus de 640 millions d’enfants n’ont pas de logements adéquats, 115 millions ne vont pas à l’école primaire et 10 millions meurent tous les ans avant d’avoir atteint cinq ans, dans la plupart des cas à cause de maladies curables.

Alors que le gaspillage et l’hystérie de consommation ont élevé les modèles de production et de consommation à des niveaux intenables, les populations des pays du Sud sont victimes de catastrophes naturelles toujours plus fréquentes, aux conséquences aggravées par les changements climatiques. Haïti, la Jamaïque, Cuba et d’autres pays des Caraïbes en sont des exemples. Nous lançons notamment un appel à la solidarité avec le peuple frère haïtien qui vit une situation dramatique.

La hausse des cours du pétrole découle de la consommation irrationnelle, d’une très force activité spéculative et des équipées militaires de l’Empire. La recherche désespérée de nouvelles sources d’énergie a conduit à une stratégie criminelle sous la poussée de l’administration étasunienne : convertir les grains et céréales en carburants.

Monsieur le Président

La situation devient intenable pour une bonne partie des pays non alignés. Nous avons payé, nous payons et nous devrons continuer de payer les coûts et les conséquences de l’irrationalité, du gaspillage et de la spéculation de quelques rares pays du Nord industriel, responsables de la crise alimentaire mondiale, qui ont imposé aux pays en développement  la libéralisation commerciale et les recettes financières d’ajustement structurel, qui ont provoqué la ruine de nombreux petits producteurs, qui ont nié, voire détruit dans certains cas le développement agricole en cours de pays du Sud, les convertissant en importateurs nets d’aliments.

Ce sont eux qui maintiennent des subventions agricoles scandaleuses, tout en imposant leurs règles du jeu au commerce international. Qui fixent les prix, monopolisent les technologies, imposent des certifications injustes et manipulent les réseaux de distribution, les sources de financement et le commerce. Qui contrôlent le transport, la recherche scientifique, les fonds génétiques et la production d’engrais et de pesticides.

Monsieur le Président

Nous ne sommes pas venus ici nous plaindre. Nous sommes venus, au nom du Mouvement des pays non alignés, exiger et défendre les revendications de milliards d’êtres humains qui réclament la justice et leurs droits.

La formule n’est pas difficile et n’exige pas de grands sacrifices. Il y faut juste la volonté politique requise, moins d’égoïsme et la compréhension objective que, si nous n’agissons pas dès maintenant, les conséquences pourraient être apocalyptiques et toucheraient aussi les riches et les puissants.  Aussi Cuba appelle-t-elle de nouveau les gouvernements des pays développés, au nom du Mouvement des pays non alignés, à tenir leurs engagements et les invite-t-elle en particulier :
•    À mettre fin aux guerres d’occupation, au pillage des ressources des pays du Tiers-monde et à dégager une partie de leurs fabuleuses dépenses militaires pour la destiner à l’aide internationale en faveur du développement durable.

•    A destiner à la production alimentaire le quart de l’argent gaspillé chaque année en publicité, soit quasiment 250 milliards de dollars qui permettraient de combattre la faim et la dénutrition.

•    A destiner au développement agropastoral du Sud l’argent consacré par le Nord à des subventions, ce qui permettrait à nos pays de disposer d’environ 1 milliard de dollars par jour à investir dans la production alimentaire.

•    A tenir leurs engagements du Protocole de Kyoto et à fixer des engagements plus ambitieux en matière de réduction d’émissions à partir de 2012, sans prétendre imposer des réductions à des pays dont les émissions par habitant sont largement inférieures à celles des pays du Nord.

•    A promouvoir l’accès du Tiers-monde aux technologies et à soutenir la formation de ses ressources humaines. Or, bien au contraire, le personnel qualifié du Sud est soumis à la concurrence déloyale et aux incitations que représentent les politiques migratoires des Etats-Unis et d’Europe, de nature sélective et discriminatoire.

•    A, ce qui est encore plus urgent, instaurer un  ordre international démocratique et équitable et un système de commerce juste et transparent où tous les Etats participeraient d’une manière souveraine aux décisions les concernant.

Nous sommes par ailleurs absolument convaincus que la solidarité peut s’instaurer entre les peuples et entre les gouvernements. J’en veux pour preuve en Amérique latine l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) et Petrocaribe.

Monsieur le Président,

Le Mouvement des pays non alignés est resté fidèle à ses principes fondateurs.

Nous nous battons pour renforcer le multilatéralisme et le rôle central que doivent jouer les Nations Unies ; pour défendre la paix et la sécurité internationales et régler les différents par des moyens pacifiques, en accord avec les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et du droit international ; pour stimuler les relations d’amitié et de coopération entre tous les nations, sur des bases de respect mutuel et d’égalité souveraine entre les Etats ; pour garantir les désarmement général et complet, dont le désarmement nucléaire universel ; pour promouvoir le développement durable ; pour concrétiser tous les droits de l’homme pour tous les individus et pour tous les peuples, et ce par la coopération internationale, le dialogue constructif et le respect des particularités nationales.

Nous appuyons la cause du peuple palestinien et son droit inaliénable à l’autodétermination au sein d’un Etat indépendant et souverain, avec Jérusalem-Est comme capitale. Nous condamnons l’occupation par Israël et ses agressions permanentes contre le peuple palestinien.

Nous appuyons la cause des autres peuples dont la souveraineté et l’intégrité territoriales sont menacées, tels le Venezuela et la Bolivie, et soutenons le droit de Porto Rico à l’indépendance.

Nous refusons l’unilatéralisme et les tentatives de domination hégémonique dans les relations internationales, les guerres d’agression et l’occupation militaire. Nous condamnons les mesures de coercition unilatérales, qui violent le droit international, et les tentatives d’imposer un seul modèle de système politique, économique et social. Nous nous opposons aux pratiques négatives consistant à juger et certifier les pays en fonction des modèles et des intérêts des puissants. Nous dénonçons résolument l’intoxication politique et le deux poids deux mesures en matière de droits de l’homme, et nous refusons les résolutions sélectives et politiquement motivées contre les pays du Mouvement.

La mise en place du Conseil des droits de l’homme offre l’occasion d’ouvrir une nouvelle étape dans la promotion et la protection de tous les droits de l’homme pour tous, sur des bases de coopération internationale et de dialogue constructif. Ceux qui ont provoqué la disparition de l’ancienne Commission des droits de l’homme tentent maintenant de disqualifier le Conseil parce qu’ils n’ont pas pu le plier à leurs intérêts. Ils refusent de participer à ses travaux pour éluder le scrutin de la communauté internationale sous forme d’Examen périodique universel.

La légitimité du Conseil ne dépend pas de la perception que peut en avoir l’Empire, mais de sa capacité à assumer son mandat en s’en tenant strictement aux principes d’universalité, d’objectivité, d’impartialité et de non-sélectivité dans le traitement des droits de l’homme.

Le Mouvement des pays non alignés continuera de défendre les intérêts du Tiers-monde et de promouvoir la mise en place d’un monde plus juste, plus démocratique et plus solidaire.

Monsieur le Président

Cuba a dû payer très cher la défense de son indépendance et de sa souveraineté.

L’héroïque peuple cubain continue de résister au blocus le plus cruel et le plus prolongé de l’Histoire que lui impose la plus forte puissance de la Terre. Bien que cette Assemblée se soit prononcée à maintes reprises et à une majorité écrasante pour la cessation de cette politique génocidaire, l’administration étasunienne ne s’est pas bornée à ignorer la volonté de la communauté internationale : affichant clairement le mépris qu’elle lui voue, elle a intensifié encore plus, au contraire, sa guerre économique contre Cuba.

L’hostilité maladive des USA envers Cuba a été des niveaux inouïs. Jamais aucun gouvernement n’a recouru en politique extérieure à une panoplie si vaste et si perfectionnée de mesures agressives dans tous les domaines : politique, économique, culturel, diplomatique, militaire, psychologique et idéologique.

Cuba vient d’être frappée par deux puissants cyclones qui ont dévasté son agriculture et sérieusement touché une partie de son infrastructure et endommagé ou détruit plus de quatre cent mille logements.

Permettez-moi de saisir l’occasion pour remercier, au nom du gouvernement et du peuple cubains, les pays, organisations et personnes qui ont contribué d’une façon ou d’une autre, en tout honnêteté et sincérité, par des ressources matérielles ou leur soutien moral, aux efforts de relèvement de mon pays.

Ce qui contraste avec la position adoptée par l’administration étasunienne qui s’entête à appliquer impitoyablement son blocus.

Cuba n’a pas demandé le moindre cadeau à l’administration étasunienne. Elle lui a tout bonnement demandé qu’elle lui permette d’acheter aux USA les matériaux indispensables pour reconstruire les logements et les réseaux électriques et d’autoriser les sociétés privées de ce pays à lui octroyer des crédits commerciaux pour acheter des aliments. Elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part de l’administration étasunienne, qui a doublé la mise en tentant de manipuler l’information pour faire croire à l’opinion publique qu’elle se préoccupait pour le bien-être du peuple cubain, mais que le gouvernement cubain avait repoussé son offre.

Si les Etats-Unis se souciaient vraiment du sort du peuple cubain, la seule attitude vraiment morale de leur part consisterait à lever le blocus qu’ils imposent à Cuba depuis cinquante ans en violation des normes les plus élémentaires du droit international et de la Charte des Nations Unies !

Cette politique irrationnelle vise, on le sait, un seul objectif : détruire la Révolution par lequel le peuple cubain a engagé de si profondes transformations depuis 1959. Bref, bafouer son droit à l’autodétermination, lui ôter sa liberté, lui arracher ses conquêtes politiques, économiques et sociales et le ramener à son statut antérieur de néocolonie.

L’administration Bush, faisant étalage du cynisme et de l’hypocrisie qui la caractérisent, prétend justifier la recrudescence de sa politique d’hostilité, de blocus et d’agressions en recourant une fois de plus à la fraude et au mensonge, au point de présenter sa volonté de domination et de recolonisation de Cuba rien moins que comme une entreprise de libération et de démocratisation.

Qui donc, exception faite de ses complices, reconnaît encore en ce monde la moindre autorité à l’administration Bush en matière de démocratie et de droits de l’homme ?

Quelle autorité pourrait donc bien revendiquer un gouvernement qui traque et maltraite les immigrants irréguliers de la manière la plus cruelle à sa frontière Sud, qui légalise la torture et qui maintient dans des camps de concentration, comme celui qu’elle a installé sur le territoire illégalement occupé de Guantánamo, des personnes contre lesquelles aucun chef d’accusation n’a été prouvé ni même présenté ?

Quel respect pourrait donc bien mériter un gouvernement qui viole la souveraineté d’autres Etats sous prétexte de lutte contre le terrorisme, tout en assurant l’impunité à des terroristes sévissant contre Cuba ?

Quelle justice pourrait donc bien promouvoir une administration qui emprisonne illégalement cinq patriotes cubains dont le seul crime était de chercher des informations permettant de neutraliser les actions des groupes terroristes qui opèrent contre Cuba depuis les Etats-Unis ?

Monsieur le Président

Cuba sait gré à cette Assemblée générale de la solidarité qu’elle lui a prodiguée dans sa lutte contre le blocus et contre les agressions auxquelles elle est en butte depuis presque cinquante ans.

Cuba réaffirme sa décision inébranlable de défendre sa souveraineté et son indépendance.

Cuba réitère sa volonté de poursuivre, aux côtés des membres du Mouvement des pays non alignés, sa bataille pour un monde meilleur où le droit de tous les peuples à la justice et au développement sera respecté.

Je conclus sur les mots du chef de la Révolution cubaine, le compañero Fidel Castro : « Un monde sans faim est possible. […] Un monde juste est possible. Le monde nouveau, que mérite largement notre espèce, est possible et il sera ! »

Je vous remercie.

M. MACHADO VENTURA,
Premier vice-président du conseil d'État
de la République de Cuba

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